Le mercredi 28 juin dernier, un journaliste de Radio Oméga a été agressé et délibérément extirpé du studio alors qu’il était en plein travail, en direct sur les antennes. Des informations recueillies auprès des responsables de la station, identifient comme auteurs des membres de la Coalition pour la renaissance artistique au Burkina Faso (CORA-BF).
L’agression est survenue alors que des représentants étaient reçus en audience à leur demande par le directeur général de Radio Oméga, M. Fidel Tamini. Une situation indigne du «Pays des hommes intègres», et qui contraste avec la considération dont jouissent nos médias à l’extérieur en raison de leurs performances.
Oser s’en prendre à un journaliste, n’est-ce donc pas s’attaquer à la liberté de presse, et de façon plus large aux libertés démocratiques si chèrement acquises au Faso ? En effet, les médias burkinabè ne font pas que rendre de plus en plus visibles les progrès de notre peuple en lutte. Ils font la promotion de notre culture de paix, de cohésion sociale, et d’exhortation au travail. En outre ils font notre fierté à l’extérieur, par l’esprit critique qui les habite, et la liberté de ton qui les caractérise depuis fort longtemps. C’est le fruit de lourds sacrifices, consécutifs aux nombreuses années de lutte pour l’enracinement et l’approfondissement de la démocratie.
En la matière, la radio constitue une référence; car, elle sert à la fois de mémoire collective et d’outil incontournable de promotion de nos valeurs et principes. Voilà pourquoi l’OBM déplore et dénonce avec véhémence l’agression survenue à Radio Oméga, agression perpétrée par une escouade de supposés artistes. Cet acte belliqueux et inadmissible, est injustifiable face aux acquis en matière de liberté d’expression tout court. Il intervient dans un contexte où l’incivisme tend à se développer au gré de l’impunité qui semble avoir la peau dure.
Il est d’autant plus condamnable qu’il ternit les efforts déployés depuis l’Insurrection d’Octobre 2014, pour valoriser la culture nationale, et consolider les statuts et le rôle combien primordial des artistes et autres promoteurs de notre patrimoine. Ceux qui ont orchestré ce qui s’apparente à une expédition punitive, doivent comprendre que ce faisant, ils changent de statuts et rejoignent les rangs des vandales. Ils nous ramènent lamentablement en arrière, puisqu’ils tendent à donner raison à tous ceux qui ont toujours cru que ne deviennent artistes que ceux qui ont échoué dans la vie. L’OBM encourage les véritables artistes, membres ou pas de CORA-BF, à se départir des groupuscules d’individus qui n’hésitent pas à s’ériger en voyous pour régler des comptes. A l’heure où des artistes vrais soutiennent les efforts des peuples africains excédés, eux, ne semblent avoir compris ni leur mission, ni le rôle de soutien des médias.
A preuve : certains menacent de récidiver, ou de déployer de telles actions dans d’autres sphères médiatiques, l’OBM rappelle que des lois existent, et que notre pays s’étant engagé dans la construction d’un Etat de droit démocratique, nul ne doit se faire justice. Aussi, l’Observatoire se félicite-t-il de la décision de Radio Oméga de traîner les délinquants identifiés devant la justice, afin qu’ils soient châtiés comme il se doit.
Le Burkina Faso est à la croisée des chemins. Les artistes déterminés à apporter leur pierre à la construction de l’édifice commun, sont invités à s’abreuver aux sources véritables de notre culture comme leurs illustres devanciers. Ils doivent se rapprocher davantage des dépositaires de nos traditions, des musicologues, des experts en anthropologie musicale, des rédacteurs de textes de chansons, et autres arrangeurs, pour nous livrer des produits de belle facture à diffuser. Les antennes publiques ou privées de radiotélévision, ne sont pas des dépotoirs où doivent s’agglutiner des navets. Il faut mériter de passer à l’antenne. Aussi, le culte de l’excellence doit-il guider nos actions.
Le succès et la popularité d’un artiste, sont fonction de son habileté, mais aussi de sa rigueur à explorer et exploiter la richesse du patrimoine commun. Une œuvre de qualité s’impose d’elle-même. Dans cette optique, l’OBM recommande à l’ensemble des travailleurs des médias, de faire œuvre utile en respectant les principes et valeurs éthiques et déontologiques dans l’exercice de leurs fonctions. En particulier, il les invite à plus de professionnalisme, notamment en résistant à l’appât du gain, et en faisant preuve de rigueur et d’impartialité dans les choix à opérer.
Dans un futur proche, l’OBM envisage de prendre langue avec les organisations des médias, afin que soient intensifiés les efforts de formation ciblée. Parallèlement, l’Observatoire encourage les responsables interpellés, à parachever les actions entreprises pour déboucher sur un véritable consensus quant aux quotas à observer en matière de diffusion des œuvres musicales. De notre point de vue, promouvoir les œuvres musicales nationales en radiotélévision, implique aussi et surtout la valorisation et la diffusion de la chanson autant que des proverbes du terroir.
Enfin, l’OBM lance un appel aux autorités afin que les dossiers en souffrance au niveau de la justice, trouvent solution au plus vite. Parmi ceux-là , le dossier Norbert Zongo, dont la lenteur encourage l’impunité, et donc expose le monde des médias au mépris et au courroux d’individus sans fois ni loi.
Ouagadougou, le 2 juillet 2017
Pour l’Observatoire Burkinabè des Médias (OBM)
Le Président
Ahmed M. Koné
Chevalier de l’Ordre du Mérite des Arts, des Lettres et de la Communication.
Agrafe : Radiotélévision, Presse Ecrite