Le samedi 15 juin 2019, cela fait un an aujourd’hui, jour pour jour, quand nous lancions l’initiative "Appel de Manéga" dans le village qui lui donne son nom c’est-à -dire Manéga dans la province de l’Oubritenga. En ce moment précis où nous commémoration cette première année d’existence, chose qui n’était pas donnée d’avance, nous tenons à rendre un vibrant hommage à tous les signataires de l’Appel, au niveau du Burkina, dans la Diaspora et ailleurs dans le monde ( France, Etats-Unis, Allemagne).
Nombreux sont ceux qui ont cru sans avoir vu. Je tiens au nom du Comité à exprimer notre profonde gratitude :
- aux Anciens qui composent le PANAPAX, la structure des Sages;
- aux experts du Conseil Technique et Scientifique (CTS)
- aux autorités nationales qui participent à nos activités ;
- aux partenaires techniques et les chancelleries qui nous suivent ;
- aux donateurs parmi les signataires ou sympathisants, qui contribuent par diverses ressources (matérielles, intellectuelles et financières) à la vie de l’Appel.
Une année après, nous tirons une grande motivation et une satisfaction d’avoir vu juste, d’avoir compris qu’il fallait s’engager pour réveiller les consciences qui dorment devant le péril et construire une alternative à la situation nationale de crise multidimensionnelle à savoir : haine et divisions interpersonnelles, problèmes sécuritaires, tensions ethno-communautaires, tension sociale etc. Une année après, la situation s’est empirée, le pays s’est enlisé et la nation vit, en 100 ans, sa page la plus sombre dans l’incertitude et la peur sans voir d’issue clair à l’horizon.
C’est un constat triste et alarmant que nous faisons sans complaisance ni exagération. Malgré les efforts, le patriotisme et les bonnes volontés des Burkinabé dans leur ensemble. Le contexte est assez effroyable aujourd’hui :
- près d’un millier de morts suites aux massacres et attaques liés au terrorisme mais aussi des conflits intercommunautaires aux relents ethniques ;
- des centaines de milliers de déplacés qui errent sur le territoire;
- des zones entières de plusieurs régions de notre pays envahies par des ennemis et qui restent inaccessibles qu’invivables pour les Burkinabé;
- des graves risques et menaces qui s’accentuent chaque jour sur l’unité nationale, le vivre-ensemble, l’intégrité territoriale et la paix sociale...
- des problèmes politiques, des antagonismes, des contradictions entre acteurs. Malgré quelques gestes de décrispation comme le dialogue politique. Vu les appels du pied des différentes catégories notamment les coutumiers et religieux, les Anciens, les politiques et la société civile en faveur d’une réconciliation nationale ;
Et, au regard de tout ce qui précède nous restons convaincus de la nécessité urgente de se réconcilier et de tourner la page dans la voie de la vérité, de la justice et du pardon pour mieux faire face aux problèmes qui se posent à notre survie nationale et de pouvoir prendre un nouveau départ pour un Burkina Faso de paix, de stabilité et de développement. La question de la réconciliation nationale bien que instrumentalisée et galvaudée, quelque fois, à dessein ou par ignorance, reste cependant une condition sine qua non pour l’ultime sauvetage de notre Nation commune.
La réconciliation vraie portant en elle l’intérêt supérieur du peuple, la consolidation de la nation plurielle et équilibrée, le retour à la paix et la sécurité et la construction d’un avenir des enfants de demain, s’impose à nous et ne nous laisse aucun autre choix. Voulons-nous gagner la guerre contre le terrorisme, allons-y les cœurs ensemble et réconciliés, nous seront à coup sûr plus forts ;Voulons-nous organiser des élections, alors allons-y unis et réconciliés pour garantir une stabilité et une future meilleure gouvernance ;
Il faut donc sacrifier les intérêts individuels, s’élever au-dessus des rancœurs et des considérations particularistes pour réaliser le sursaut salvateur en empruntant à notre héritage ancestral une de ses valeurs séculaires et légendaires qu’est le dialogue sincère et honnête. Cela urge et il faudrait y aller. Car notre survie, notre cohésion, notre appartenance collective à une même nation une et indivisible en dépendent. Les autorités, l’opposition politique, la majorité présidentielle, les religieux et coutumiers, les Anciens, la société civile, les citoyens, femmes, jeunes, intellectuelles, hommes de culture sont interpellés.
Il faut se donner la main fraternelle. L’Appel de Manéga, s’est voulu être l’arche qui va embarquer tous les Burkinabé, sans distinctions, pour voguer sur les eaux furieuses et troubles des temps présents afin d’échapper à la noyade collective pour pouvoir se poser sur le sol ferme d’un Burkina de paix, d’entende et d’unité. Et pour cette raison nous avons sonné le tocsin pour la réconciliation et la paix, il y a une année. Nous avons été entendu par de nombreux filles et fils de diverses sensibilités et qualité du pays qui se sont engagés pour mener ce noble combat citoyen, humaniste et patriotique de rechercher les solutions aux problèmes par nous-mêmes et avec nos propres ressources morales, intellectuelles, culturelles etc.
Dans ce sens, l’offre majeure a été « la feuille de route » des Anciens ou « Sages » de l’Appel de Manéga. Après un an d’initiative nous affirmons, cela au regard des expériences réalisées, que l’Appel continuera sur sa lancée pour gagner ce noble combat contre les périls de diverses natures au-dessus de nos têtes.
Je vous remercie
Lookman Sawadogo secrétaire général
Appel de Manéga