Mesdames et les journalistes
Il vous souvient qu'au mois de février 2020, le gouvernement de Christophe Joseph Marie DABIRE a rendu effective sa volonté de retourner la revendication du mouvement syndical portant sur la suppression de l'IUTS sur les primes et indemnités des travailleurs du privé et du parapublic contre les travailleurs.
Cela a consisté à élargir l'application de cet IUTS aux primes et indemnités des travailleurs du public en arguant qu'il s'agit d'une mesure de justice sociale. Face à cette attaque contre les droits des travailleurs et qui cadre avec la stratégie du pouvoir de réduire les salaires, s'est créée une coalition d'organisations syndicales autour d'une plate forme en cinq points. Cette coalition, qui était et reste ouverte à tout syndicat désireux de se battre contre les mesures anti-travailleurs du gouvernement, regroupe une cinquantaine d'organisations.
L'Assemblée générale tenue le 26 février 2020 à Ouagadougou et la marche organisée le samedi 07 mars 2020 sur l'ensemble du territoire national, sous sa houlette, ont connu une forte mobilisation des travailleurs. De même, les actions sectorielles mises en œuvre par les regroupements au sein de la coalition et en fonction des secteurs d'activités, d'une part, et la grève de 120 heures allant du 16 au 20 mars 2020, d'autre part, ont été bien suivies sur l'ensemble du territoire par les travailleurs aussi bien du privé, du parapublic que du public. Mais quelle a été et ce jusqu'à ce jour l'attitude du pouvoir vis-à-vis de la coalition et de sa plate-forme ? Ce qu'il faut souligner d'emblée, c'est que le pouvoir a choisi : primo, d'ignorer la coalition et secundo de s'affranchir délibérément de la loi pour recourir à une répression sauvage des travailleurs.
Le choix délibéré du chef de l'Etat de passer sous silence cette crise sociale majeure dans ses dernières adresses à la nation participe de cette option. Ainsi, plutôt que de prendre en compte la forte adhésion des travailleurs et la légitimite de la plate-forme de la coalition, le pouvoir et ses alliés ont opté de réprimer le mouvement. Cette répression a pris les formes suivantes : interdiction de la marche du 17 mars 2020 en s'appuyant sur le CORONAVIRUS qui était á 2 cas annoncés, en lieu et place de l'insécurité utilisée comme prétexte des interdictions précédentes (cas de la marche du 16 septembre 2019):
- licenciement de travailleurs notamment dans les boulangeries: - suspensions des salaires d'au moins sept cent trente-neuf (739) agents publics selon les informations à notre possession coupures de salaires abusives et sauvages;
- révocation d'agents en poste dans les ambassades; etc. Face aux nombreuses dénonciations de son attitude, le pouvoir, à travers M. Fulgance DANDJINOU, porte-parole du gouvernement a cru bon de ruser par des amalgames pour tromper l'opinion.
Ainsi, il ne s'est pas gêné d'évoquer une correspondance adressée par le Premier ministre à l'UAS qui aurait signifié de reporter la rencontre Gouvernement/Syndicats afin de se préparer et d'aviser. Pourtant, il sait bien que la correspondance à laquelle il fait référence concerne la rencontre Gouvernement /Syndicats avec pour objet les réponses du gouvernement au cahier de doléances 2017 ! Du reste, ce n'est pas l'UAS qui porte actuellement le dossier de l'IUTS mais bien la coalition de syndicats constituée à l'initiative du Collectif syndical CGT-B qui est restée toujours en phase avec la revendication initiale qui est la suppression de l'IUTS sur les primes et indemnités de l'ensemble des travailleurs.
Du dépôt du préavis le 27 février 2020 à la grève du 16 au 20 mars 2020, le gouvernement n'a entrepris aucun contact avec la coalition syndicale, porteuse de la lutte. Plus grave, les coupures de salaires et encore plus les suspensions de salaires ont été opérées en violation flagrante des textes notamment de la loi 081 et de l'arrêté 2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédure de traitement et modalités de liquidation des retenues pour fait de grève (lui-même relu en ses parties liberticides et dont la signature est bloquée depuis 2016 par le Pouvoir MPP) ainsi que des conventions internationales ratifiées par le Burkina Faso. Le délibéré du tribunal administratif notamment de Ouagadougou qui ordonne l'arrêt des coupures suite au référé introduit par l'intersyndical des magistrats en date du 17 avril 2020 en est une preuve palpable.
La Coalition syndicale félicite les camarades sur ce front pour cette victoire d'étape et veille à la poursuite des autres dossiers introduits et/ou à introduire dans ce cadre. En tout état de cause, sauf à démontrer davantage le cynisme du gouvernement, la grève du 16 au 20 mars ne pouvait donner lieu à des coupures de salaires chez les enseignants en classe d'autant que le même gouvernement par note signée le 14 mars 2020, se fondant sur les risques de propagation du Covid19 avait décidé de la fermeture des écoles et des universités du lundi 16 mars au mardi 31 mars de l'année en cours. Or, ce sont les responsables politico- administratifs du MENAPLN et du MINEFID qui se sont comportés en véritables gangsters dans les opérations de suspensions des salaires.
Ce qui doit être nécessairement pris en compte dans les futures relations aussi bien au niveau des structures que des militants, d'autant qu'une suspension ou bradage d'un salaire, au-delà de l'humiliation visée, est aussi une forme de dictature. La répression subie par les travailleurs recensés sur nos listes se présente comme suit :
1. suspensions des salaires d'au moins sept cent trente-neuf (739) agents publics relevant du seul MENAPLN parmi les travailleurs dont les salaires ont été suspendus, nous notons trois (03) camarades dames en congé de maternité;
2. trois (3) licenciements de travailleurs dans les boulangeries;
3. un agent relevé de ses fonctions à l'ambassade du Burkina Faso au Sénégal;
4. des coupures de salaires atteignant la moitié du salaire et parfois plus de la moitié du salaire chez certains agents;
5. des procédures disciplinaires arbitraires engagées contre certains agents. Notre coalition syndicale œuvrera, en plus de la satisfaction de sa plateforme, à ce que ces coupures et suspensions illégales s'arrêtent et les sommes déjà coupées restituées aux travailleurs. Prenant en compte les risques liés à la propagation du COVID-19, la coordination a espacé ses rencontres, les réduisant souvent aux responsables des groupes sectoriels.
En outre, elle a lancé une souscription en vue de venir en soutien uux responsables et militants frappés par les suspensions de salaires. Les militants, les sympathisants, des travailleurs syndiqués ou non, des syndicats non membres de la coalition, des démocrates ont répondu positivement à l'appel. A ce jour, la prise en charge a touché :
● sept cent trente-six (736) travailleurs dont deux du MINEFID ont vu leurs salaires suspendus;
● trois (3) travailleurs licenciés;
● 17 camarades de l'APN dont les salaires ont été suspendus avant fin mars 2020.
Au total, un montant de cinquante-trois millions trois cent soixante-neuf mille huit cent vingt-cinq 53.369.825 francs CFA a permis d'apporter un appui financier à 756 travailleurs victimes de la répression barbare du pouvoir du MPP et de ses alliés. La souscription qui se poursuit, donne un point global, à la date du 21 avril 2020, de la somme de soixante-sept millions six cent vingt-huit mille sept cent soixante-trois 67628763 francs CFA dont un solde provisoire de quatorze millions cent quarante-quatre mille neuf cent treize 14.144.913 francs.
La Coalition syndicale félicite l'ensemble des camarades, des travailleurs (euses), les gens du peuple et toutes les entités socioprofessionnelles et politiques pour cet esprit de disponibilité, de sacrifice et de solidarité historique. Un acte qui est la preuve que ceux et celles qui ont toujours nourri l'envie malsaine d'enterrer le mouvement syndical authentique dans notre pays auront toujours un réveil douloureux. Elle remercie les amis, les démocrates qui ont soutenu et soutiennent sa lutte, y compris les organisations de masse et les partis qui demandent au gouvernement de rapporter l'application de l'IUTS sur les primes et indemnités, de lever les suspensions de salaires et de rétablir les salaires suspendus. Cette lutte est historique et légitime. Elle se poursuivra et s'intensifiera malgré les peaux de bananes jetées çà et là jusqu'à la victoire.
Enfin, au regard des périls qui menacent les droits des travailleurs et des citoyens, les syndicats membres de la coalition en lutte décident des tâches urgentes suivantes soumises à la diligente exécution de tous les militants desdites organisations, de tous les travailleurs adhérant à ce mouvement :
● mener une campagne de dénonciation de l'attitude du pouvoir MPP et alliés et son mépris pour les organisations syndicales authentiques et le peu de cas que lui-même fait de la loi et des textes de la république et en s'appuyant sur le document de base qui leur parviendra à cet effet;
● poursuivre avec constance et détermination le renforcement de la mobilisation autour de la plate-forme prenant en compte les préoccupations actuelles de notre peuple;
●travailler, individuellement et collectivement à renforcer la solidarité qui s'est manifestée et continue de se manifester sous différentes formes dans notre mouvement historique. Cette solidarité doit s'exprimer a différents niveaux : envers les camarades en difficultés, envers les responsables syndicaux qui ont besoin de sentir le soutien constant des militants;
●continuer de dénoncer tous ceux qui se sont faits complices de la forfaiture du gouvernement MPP et associés contre les travailleurs;
● soutenir nos camarades de la santé qui sont essentiels dans cette lutte pour la vie, mais que le pouvoir MPP et associés ont réprimé il y a de cela quelques mois en les traitant d'apatrides. Aujourd'hui, ces mêmes bourreaux chantent les mérites de ces travailleurs qui souvent, ne bénéficient pas du minimum de matériel de travail et de protection;
● dans le contexte de lutte contre l'épidémie, respecter les mesures de protection contre la contamination et développer la vigilance pour dénoncer toute forfaiture qu'on pourrait détecter dans la gestion de cette épidémie.
Mesdames messieurs les journalistes,
Vous constatez avec nous que la pandémie de CORONAVIRUS est pour certains un champ de cacao et pour d'autres une forêt de refuge où ils se cachent pour s'en prendre au mouvement démocratique (dont le mouvement syndical), espérant naïvement venir à bout de sa détermination.
A cet effet, les valeurs de solidarité de notre peuple sont utilisées pour pressurer les masses laborieuses. Malgré les révélations faites dans la presse et les réseaux sociaux en lien avec la gestion de cette question, malgré le fait que les débats sont menés dans tous les pays du monde sur la pandémie et sa gestion par les gouvernants, le Président Rock Marc Christian Kaboré lui, s'offusque du fait que les Burkinabè dénoncent les travers qui entourent sa gestion scabreuse par son pouvoir en parlant de "critiques faciles".
Les conséquences de cette pandémie pour notre peuple lui donnent le droit d'exiger des mesures appropriées pour la juguler. En vous remerciant pour votre attention, nous restons à votre disposition pour vos questions !
Pour la Coalition
Le Porte-Parole
Bassolma BAZIE
Secrétaire Général Confédéral de la CGT-B
Ont signé :
LE COLLECTIF SYNDICAL CGT-B: CGT-B : F-SYNTER - SYNATRAG - SYNTSHA - SYTTPBHA - SNAID - SYNTB - SYNTTEX SYNTETH - SYNTRAGMIH - FNBPB - SYNAS - Coordination/CNSS - Coordination/SONABEL - Coordination/FSR-8- Coordination ONEA Comités CGT-8 dans les secteurs de l'industrie, du commerce, des banques, du système financier décentralisé, du textile et du transport
●SYNATEB-SYNTAX-SYNATEL-SYNAFI-SYNAMICA -SYNASEB-SYNACIT-SYNAPTIC - SYNAPTIC-SATB - SYNAPAGER L'INTERSYNDICAL DES MAGISTRATS SAMAB- SMB- SBM LA COORDINATION DES SYNDICATS DU MINEFID: SATB-SNAID-SYNATRAD-SYNTPC-SYNAF SYNASDB- COMITE CGT-BENAREF AUTRES SYNDICATS AUTONOMES : SYNACSAB-SYNADES - APN-SYNAFEB-SYNATRAME SYNATRACT -SYNTEF-SYNAFER-SYNAJEFP-SYNAGSP-SGB-SYNAG-MONEP-SAMAE - SYNAMUB - SYNAGRH - SYNAGID - SYNIACCB - SYNAPOH - SYNTRAPOST - SY.RE.C.FER.BF- SLCB