Attaque terroriste du Cappuccino et Splendid Hôtel: un an après, les souvenirs et les réactions de Me Gilbert Noel Ouédraogo, président de l’ADF/RDA

jeudi, 19 janvier 2017 09:12 Écrit par  Modeste KONOMBO/Infobf.net Publié dans Politique

Le Burkina Faso a connu sa première attaque terroriste le 15 janvier 2016. Ce fût la tourmente et la consternation pour le peuple burkinabè qui n’en avait jamais vu de pareil de par le passé. Le restaurant Cappuccino et l’hôtel Splendid sur l’avenue Kwamé Nkrumah ont été les cibles principales des terroristes, 30 morts et plusieurs blessés, c’est le bilan macabre de l’acte. Une année après, beaucoup n’ont rien oublié de cette triste fin de journée, Me Gilbert Noel Ouédraogo, président de l’ADF/RDA raconte, nous l’avons rencontré le 16 janvier 2017 à Ouagadougou.

Je voudrais d’abord avoir une pensée pour toutes les personnes qui sont décédées ce jour et pour les personnes qui ont été blessées. Je souhaite pour les personnes qui sont toujours en situation de santé difficile un bon rétablissement. Il faut dire que nous avons vécu cette cascade d’attaque avec beaucoup de tristesse parce qu’effectivement, les faits se sont enchainés. Nous avons eu d’abord des informations sur l’attaque de Tinacoff et à l’époque j’avais réagi par un twitte pour condamner cette attaque et manifester ma solidarité avec les forces de l’ordre et la nation burkinabè qui avait été endeuillée par cette attaque. Il y a eu l’enlèvement du couple Eliot qui nous a également attrister. A peine, nous étions en train de nous exprimer sur cette question, que dans la soirée je me rappelle, on nous a dit qu’il avait des bruits sur l’avenue Kwamé Nkrumah et puis après nous avons attendu effectivement des tirs et nous avons essayé de nous informer à gauche à droite. Plus tard, on nous dit qu’il s’agit d’une prise d’otage et d’une attaque. Et c’était trop en une journée des évènements qui s’achaine de cette manière aussi grave les uns que les autres. Nous étions inquiets par rapport aux personnes qui étaient sur cette avenue. Au départ on disait que c’était à Splendid Hôtel et j’ai suivi personnellement l’actualité d’abord en envoyant des messages et des twittes pour dire ma solidarité avec les forces de l’ordre et surtout pour relayer les messages qu’envoyaient les forces de défense et de sécurité. Je suis intervenu je me rappel lorsque certains ont voulu donner des informations sur les réseaux sociaux par rapport au positionnement des forces de l’ordre ou la présence de certaines personnalités dans l’hôtel. A l’époque j’avais écrit sur ma page Facebook et j’avais demandé à ce que les gens évitent de donner ce type d’information parce que ce sont des informations qui sont préjudiciables à la mission des forces de défenses et de sécurité. Il était bon que les gens fassent confiance à nos forces de l’ordre et s’il y a des informations, qu’on les leur communique ça directement au lieu d’envoyer par les réseaux sociaux, cela pourrait porter atteinte à la démarche qui est en cours. Donc, nous n’avons pas dormi du tout jusqu’à ce que le dénouement soit annoncé officiellement. Je me rappelle aussi que j’ai annoncé ça sur ma page Facebook et j’ai Twitté avant de fermer l’œil.

Ensuite, dans la journée du 16 janvier 2015, c’est-à-dire le lendemain de l’attaque, nous avons suivi tout ce qui s’est passé. Je me suis rendu sur les lieux mais arrivé, je n’ai pas pu avoir accès. J’ai échangé sur place avec d’autres personnes qui étaient là et il y a eu l’idée qui a été émise par une dame, qui voulait une marche silencieuse pour la paix. J’ai encouragé cette idée, je l’ai trouvé bonne. Nous avons échangé avec d’autres personnes sur les autorisations à obtenir pour pouvoir faire cette marche silencieuse. A l’époque, je me rappelle que beaucoup de gens pensaient que ce n’était pas utile et qu’il y avait des risques énormes de vouloir faire ça. Pour moi, je pensais au contraire qu’il fallait que le peuple montre qu’il est debout et qu’il n’est pas effrayé. Dans cette situation là, il faut un combat psychologique et c’est ainsi que je me suis rendu à cette marche où il y avait beaucoup de personnes et j’étais en première ligne. On est arrivé devant l’hôtel et « Taxi brousse » avec des bougies, j’ai déposé ma bougie et j’ai témoigné ma solidarité avec le peuple burkinabè. Le parti également a fait une déclaration pour condamner tous ces évènements et manifester sa solidarité avec le peuple burkinabè dans ces moments difficiles et d’épreuve.

Aujourd’hui, une année après le Burkina Faso a été frappé par plusieurs actes terroristes. A chaque fois, nous avons eu l’occasion d’exprimer notre solidarité et nos inquiétudes mais, aussi de pointer du doigt la nécessite que le gouvernement puisse mettre à la disposition des forces de l’ordre, les moyens nécessaires pour l’accomplissement de leurs missions. Il faut qu’on puisse travailler à organiser nos services de renseignements car, face à ce type de menace, on ne peut apporter une réponse adéquate que par un service de renseignement bien organisé qui a les moyens et qui peut permettre justement, de connaitre la menace dès la base. Nous souhaitons aujourd’hui qu’il y ait une prise en charge conséquente des blessés de l’attaque, et que l’indemnisation des familles des victimes soit une réalité. Il ya également la nécessite d’accompagner les jeunes parce que le plus souvent, on constate que ce sont des situations de manque d’emploi des jeunes qui les entrainent à se retrouver là. Il est important qu’au-delà de traiter la question sous l’angle militaire, qu’on trouve ses origines et que l’on cherche comment faire pour préserver la jeunesse burkinabè de cette tentative. Ce sont des milieux qui sont très agressifs parce qu’ils vont vers les gens, ils arrivent à les endoctriner et ce sont ces personnes qu’on envoi à la mort. Il faut que nous fassions en sorte que les jeunes puissent être en dehors de ce circuit. Maintenant notre pays, c’est clair souffre de ces questions-là. Nous avons constaté que c’est en fin d’année qu’un nouveau chef d’état-major général des armées a été nommé, nous espérons pour notre part que cela va être l’occasion de réorganiser nos services et les accompagner véritablement, parce que ce n’est pas une question de personne, c’est une question de moyen. C’est un signal qui a été donné mais, quelque soit la bonne volonté de la personne qui est là, si les moyens ne suivent pas il est difficile de pouvoir apporter des réponses, donc notre souhait vraiment est que le pays prenne à bras le corps cette question. Le président du Faso lui-même l’a relevé et reconnu, il a dit concernant ces attaques terroristes, que nous devons les intégrer dans notre vie. Dès lors que nous savons qu’il y a une menace qui est réelle, il faut que nous nous donnions les moyens d’y faire face. L’état burkinabè doit faire en sorte que les forces de défense et de sécurité soient à même d’agir contre cette menace sur tout le territoire burkinabè.

Propos recueillis par Modeste KONOMBO

Infobf.net

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