Oui, c’est vrai comme vous le dites c’était une première à l’époque, ce type d’attaque qui nous arrivait nous les burkinabè, le nombre de victimes a été trop choquant. Effectivement je me souviens qu’à cette date, nous étions dans le cadre d’une réunion politique lorsque nous avons été informés que ça tirait sur l’avenue du Dr Kwamé Nkrumah. Vous savez cela passait moins d’un mois après l’installation du président Kaboré. Beaucoup d’entre nous pensaient que c’était consécutif à l’ensemble des choses que notre pays avait connu sous la transition, notamment le coup d’Etat manqué et on se demandait qu’est-ce qui se passe encore ? C’est seulement après que nous nous sommes rendu compte grâce aux médias et aux informations par ci par là qu’il s’agissait d’une attaque terroriste. Le choc est si important que nous avons été obligés de rentrer chez nous et d’essayer d’avoir aussi le maximum d’information de cette situation. En terme de souvenir, vous savez quand il y a des attaques j’allais dire des choses criminelles de ce genre, on pense aux victimes et elles étaient nombreuses, de toutes âges et de toute nationalité. Nous sommes tenus d’avoir une compassion pour leurs parents et amis et aussi, d’avoir des prières. Je suis croyant et je pense que ces victimes ont besoin de prière. Passer ces moments d’émotion, après en tant que personnalité politique et en tant que citoyen, le souvenir comporte d’autres dimensions. C’est d’abord qu’il soit mis fin à cette impunité, vous savez, si nous assistons à un acte criminel nous devons retrouver les coupables matériels et intellectuels, et les punir. Le souvenir qu’on porte c’est de dire concernant nos forces de défense de sécurité, que l’autorité politique qui commande doit travailler avec d’autres pays qui sont concernés. Donc il faut que cela soit mis fin, surtout que ces attaques sont arrivées comme le signe déclencheur d’une séries d’autres attaques. Vous remarquez qu’après, c’est Intagom au nord, et dernièrement Nassoumbou, il faut que nous puissions mettre fin à cela pour éviter les représailles et pouvoir donner des coups à ceux-là qui ont commis ces attaques. L’autre dimension du souvenir, c’est aussi de mon point de vue que les forces de l’ordre changent de doctrine en la matière parce que jusque-là , nous n’avons pas connu ces genres d’agressions, elles doivent intégrer de nouvelles doctrines qui font suite à ce type de danger.
En écoutant le nouveau chef d’Etat-major général des armées lors de sa prise de fonction, il a dit qu’il fallait collecter des informations avec les troupes et frapper l’ennemie là où il se trouvait.
Aujourd’hui, il faut d’abord que la population change de mentalité par rapport à ce type de situation, il faut qu’il y ait une claire conscience de l’ensemble des burkinabè, que le danger peut reposer sur bon nombre d’entre nous, soit par imprudence, soit par des sentiments d’exclusions, de pauvreté qui sont souvent exploité par ces extrémistes-là . Pour moi, il y a un travail à faire à ce niveau. Ensuite de mon point de vue, il faut une collaboration et une coopération en termes de renseignement avec nos forces de défense et de sécurité. Ce n’est que comme ça que nous pouvons nous souvenir pour ceux qui sont tombés sous les balles de ces malfaiteurs et mettre fin à l’impunité. Il faut changer de doctrine et montrer qu’effectivement celui qui s’attaque au Burkina va recevoir en retour un coup plus mal que ce qu’il à donné. Je souhaiterais que cette année de souvenir soit célébrée sous cet aspect de reprise en main et de courage, en n’oubliant pas naturellement les victimes et les familles des victimes. Demain 15 janvier 2017, ceux qui vont marcher, c’est aussi cette force silencieuse qu’on émet afin que ceux qui ont perdu quelqu’un de cher dans cette attaque et tous les autres, puissent savoir qu’ils ne sont pas seuls dans cette épreuve difficile. Je dois vous rappeler que le même jour, dans la nuit du 14 au 15 janvier 2016, on n’est obligé de se souvenir aussi de l’enlèvement du couple Eloit à Djibo. La femme, fort heureusement a été libérée mais jusque-là , nous n’avons pas de nouvelle du mari, le Dr Eliot. Ce monsieur, il est médecin à Djibo, il amine un centre hospitalier qu’il a créé de ses propres mains pour soulager les populations, ça fait aussi un an qu’il est parti et on n’a aucune nouvelle. En termes de souvenir, il faut aussi que les autorités de ce pays, puissent expliquer à la population les efforts qui sont déployés depuis lors, pour retrouver ce monsieur qui venait aider notre pays, voilà ce que je peux dire.
Propos recueillis par Modeste KONOMBO
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