Les burkinabè de l'Espagne s'adressent au président de la CENI Spécial

lundi, 03 décembre 2018 17:43 Écrit par  Déclaration de Presse Publié dans Politique

Ceci est une lettre ouverte des burkinabè vivant en Espagne. Lettre adressée au président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Newton Ahmed Barry. Nos compatriotes de l'Espagne s'insurgent contre l'absence de mission d'explication de la loi sur le vote des burkinabè de l'étranger, dans leur pays de résidence. Voici le contenu :

À Monsieur le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)

Monsieur le Président,

Le jeudi 29 novembre 2018, nous apprenions par voie de presse (Lefaso.net) que l’institution que vous présidez allait initier dans les jours à venir une mission d’explication de la nouvelle loi sur le vote des burkinabè de l’étranger.

Monsieur le président,

vous prendrez connaissance de notre lettre ouverte au moment où vos commissaires seraient entre deux avions pour faire le tour du monde en deux semaines dans une mission dont on ignore sincèrement le bien-fondé aussi bien dans le fond que dans la forme. Dans la forme déjà l’on peut se poser mille questions sur l’efficience, la rentabilité, la plus-value que cette tournée rapporterait au vote des Burkinabè de la diaspora dans la mesure où ce ne sont pas tous les pays, encore moins toutes les villes dans tous les pays où résident les burkinabè qui seront pris en compte durant votre prétendue rencontre avec les burkinabè de l’étranger.

En effet, lorsque nous avons parcouru la liste des pays retenus pour votre mission d’explication, nous constations avec un grand étonnement que l’Espagne n’y figurait pas d’aucune manière. Comprenez cher monsieur le président la frustration de 1753 citoyens burkinabè vivant en situation régulière sans compter près de 2000 burkinabè qui attendent d’y être régularisés sur le sol espagnol.

En résumé, dans votre mission d’explication à l’étranger, vous allez survoler (littéralement) près de 4000 burkinabè en Espagne pour aller expliquer la nouvelle loi électorale à une centaine de burkinabè en Autriche et au Japon ou pire encore, à moins d’une trentaine de burkinabè au Brésil ? Sont-ce les Ambassades ou les consulats généraux qui voteront en lieu et place des burkinabè résidant à l’étranger ? Cette question nous amène à nous pencher sur le fond de votre mission « ô combien indispensable ! ».

Nous sommes sans ignorer que le choix de ces pays s’est fait sur la base de la présence d’une représentation diplomatique ou consulaire (générale) dans ces pays. Mais dites-nous Monsieur le président : votre expédition ira à la rencontre des Burkinabè ou plutôt c’est pour aller visiter nos locaux officiels à l’étranger ? Notre tare commun à tous au Burkina, c’est de rendre protocolaire tout ce qui peut se faire de façon agile, efficiente et efficace sans protocole aucun ! Pour exemple, moi j’ai vu des autorités d’autres pays voisins du Burkina se baladant de ville en ville ici en Espagne avec leurs valises d’enrôlement en main pour établir des passeports pour leurs concitoyens.

Au contraire des burkinabè, ceux-là ne vont pas « s’asseoir dans leur ambassade pour attendre tranquillement que leurs compatriotes y accourent ».

Pourquoi agissent-ils ainsi, leur avais-je demandé. La réponse a avait été sans appel : pour que la mission ait du répondant, donc un succès, il faut aller là où sont concentrés nos ressortissants ; parce que pour une raison quelconque, tout le monde ne peut pas se retrouver à l’ambassade qui se trouve parfois à plus de mille kilomètre de leur résidence habituelle. C’est pourquoi une équipe mobile va régulièrement à la rencontre de leurs compatriotes qui se chargent eux-mêmes (les compatriotes) de l’organisation pratique pour l’enrôlement !

Leçon à tirer de cette anecdote :

- lorsqu’on est petit, ne cherchons pas à paraître grand et intouchable ;

- la grandeur provient de nos actes accomplis en faveur des autres avec nos maigres ressources !

Pour revenir au sujet qui fait l’objet de cette lettre ouverte à monsieur le président de la CENI, le tout ce n’est pas aller en mission d’explication dans tel ou tel pays ; c’est plutôt évaluer l’opportunité de la mission pays par pays avant d’y aller. Autrement vous donnez là, l’occasion aux pourfendeurs de votre institution et même du régime en place de tirer à boulet rouge sur la gouvernance actuelle.

Lors du forum de la diaspora auquel votre institution a pris part en juillet dernier ; nous, délégués au Conseil Supérieur des burkinabè de l’Etranger (CSBE) d’Espagne avions plaidé justement pour que l’administration burkinabè se penche sur le cas du Royaume d’Espagne qui, si tant faut-il le rappeler, est le troisième pays européen (après l’Italie et la France) où réside le plus grand nombre de burkinabè selon les données de l’OCDE sur la migration des populations.

C’est pourquoi justement voyant venir cette injustice normalisée, lors du même forum nous avions plaidé auprès du gouvernement pour l’ouverture d’un consulat général du Burkina en Espagne à défaut d’une représentation diplomatique. Tout compte fait, après votre (CENI) tournée mondiale aux ambassades du Burkina à l’étranger, nous osons espérer qu’il y aura un bilan de ladite expédition dans lequel on lira tous le nombre de participants burkinabè pays par pays à vos séances d’explication de la nouvelle loi électorale sur le vote des compatriotes de l’étranger.

Rappelons en passant que nous sommes près de dix millions de burkinabè vivant à l’étranger ; si vos commissaires arrivent à rassembler un total de 2000 burkinabè, soyez-en fier !

En contrepartie, vous risquez de mettre à la touche près de 4000 burkinabè qui ne demandent pas autre chose que de pouvoir voter à partir de 2020. Arrêtons de toujours laisser la proie pour poursuivre son ombre et osons faire les choses autrement pour espérer atteindre de meilleurs résultats ! Respectueusement !

Ont signé :    Roland W. ZONGO, délégué CSBE-Espagne   

Nebon Babou BASSONO, délégué CSBE-Espagne

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