Messieurs les Présidents des Partis Membres de la COALITION pour la Démocratie et la Réconciliation Nationale (CODER)
Monsieur le Représentant du Chef de File de l’Opposition Politique (CFOP),
Militants, Sympathisants et Amis de la CODER,
Distingués invités, chers frères et sœurs,
Il y a bientôt deux (2) ans, le 16 octobre 2016, dans cette même salle naissait la CODER. Mes pairs fondateurs de cette coalition inédite au Burkina Faso m’avaient confié la lourde responsabilité d’en être le premier président. Je me rappelle nous avoir prédit dans mon allocution, une longue et fructueuse vie.
La cérémonie de ce jour constitue en elle-même une victoire sur le scepticisme et la fatalité. En effet, peu de personnes à ce moment croyaient en nous et de manière générale les réactions allaient de la réserve à la médisance ouverte. Aujourd’hui, non seulement nous sommes encore là , debout et bien debout mais surtout nous représentons la seule véritable force de propositions pour qui seule compte la véritable réconciliation nationale.
Que de chemin parcouru en deux (2) ans de vie déjà bien remplie. C’est le moment pour moi de remercier tous mes compagnons du début de cette épopée et plus particulièrement deux d’entre eux qui ont donné de leurs personnes pour que la CODER naisse et vive : Présidents Rasmané OUEDRAOGO et Achille TAPSOBA, le moment viendra où la CODER vous décernera la médaille de combattants de la paix et de la réconciliation nationale. Pour le moment, soyez remerciés pour tous les efforts que vous avez consentis au service de la réconciliation des fils et filles du Burkina Faso. Je voudrais aussi adresser toutes mes félicitations au Président Amadou Traoré pour le travail énorme qu’il a abattu durant son mandat. Sa tâche n’a pas été facile mais il a tenu bon et maintenu le cap contre vents et marrées.
Chers Amis membres de la Conférence des Présidents de la CODER,
Militantes, Militants, amis et sympathisants de la CODER,
L’événement de ce jour n’est pas seulement une cérémonie de passation de charges. Il marque le début d’une nouvelle ère pour notre coalition. Aujourd’hui constitue le point de départ de la deuxième phase du grand projet de la CODER : réconcilier les Burkinabè entre eux et réconcilier le Burkina Faso avec lui-même. Durant vingt-trois (23) mois en effet, nous avons multiplié les concertations et rencontré toutes les autorités de notre pays, tous les leaders d’opinions et la quasi-totalité des élus burkinabè.
Ce travail de longue haleine nous a servi de base à la rédaction du Mémorandum pour la Réconciliation Nationale au Burkina Faso qui a été remis en mains propres au Président du Faso, SEM Roch Marc Christian KABORE, le mardi 13 février 2018. Je ne voudrais pas revenir encore sur toutes les difficultés rencontrées lors de l’élaboration de ce Mémorandum ; je suis heureux d’affirmer ici que sa réalisation et l’audience de sa transmission au Chef de l’Etat constituent pour nous tous un motif de profonde satisfaction et de fierté.
Il est aujourd’hui incontestable que le Mémorandum pour la Réconciliation Nationale au Burkina Faso constitue aujourd’hui la référence et un document de base sur lequel pourraient et devraient être fondées toutes les actions relatives au processus de la réconciliation nationale.
Le Mémorandum, qui n’est ni la Bible ni le Coran,est loin d’être une fin en soi. Il constitue pour nous à la CODER un point de départ. Et vous comprenez pourquoi je disais plus haut que la cérémonie de ce jour est d’une importance capitale non seulement pour la CODER mais aussi pour le peuple Burkinabè et notre pays tout entier.
En effet, cette seconde phase de la vie de la CODER que nous entamons aujourd’hui est celle de l’élargissement de la base consensuelle indispensable pour la réalisation de la réconciliation nationale et des autres objectifs de notre Coalition. C’est pour cette raison que le programme d’activités, que j’entends conduire avec le soutien et la participation des autres membres du bureau, sera axé sur la sensibilisation du grand public en vue d’élargir le consensus autour de cette question très importante qu’est la réconciliation nationale pour le Burkina Faso.
En effet, il est capital aujourd’hui de faire comprendre à nos frères et sœurs du Burkina profond pourquoi nous devons nous mettre résolument ensemble pour penser autrement notre vivre ensemble afin de pouvoir envisager un mieux vivre pour nous aujourd’hui et garantir la paix, la sécurité, la stabilité, le progrès et le développement pour nos enfants et petits enfants demain.
Outre, la formalisation de l’existence légale de notre Coalition, le programme d’activités de notre mandat comprendra trois principaux chantiers, à savoir :
• l’organisation de conférences publiques régionales et locales de sensibilisation,
• la mise en synergie des volontés pour une réconciliation nationale inclusive, sincère et définitive et enfin
• l’organisation d’un rassemblement national d’expression populaire en faveur de la paix véritable et de la réconciliation de tous les Burkinabè entre eux et le Burkina Faso avec lui-même
 Concernant la formalisation de l’existence légale de la CODER :
il n’a échappé à personne que la CODER est d’abord le regroupement de partis politiques d’obédiences diverses mais, qui ayant pris conscience du péril immédiat qui guettait notre patrie commune, ont décidé d’unir leurs forces et leurs actions en faveur d’une réconciliation qui ne soit pas seulement prononcée du bout des lèvres pour endormir le peuple.
Nous avons réfléchi ensemble, travaillé ensemble et en parfaite harmonie et en bonne intelligence pendant deux ans malgré nos divergences d’opinions et parfois personnelles. Cette expérience nous a donné envie de consolider notre union car en deux ans, nous avons fini de nous convaincre qu’ensemble nous pouvons et allons réussir de grandes choses pour le Burkina Faso. Ceci passe par certaines restructurations dont la première, la plus visible pour vous aujourd’hui est l’inauguration du premier mandat de six (6) mois par votre serviteur. La suite du chantier se fera aussi voir du grand public dans les semaines et mois à venir.
 L’organisation de Conférences publiques d’explication et de sensibilisation :
L’une des grandes faiblesses de notre système en Afrique et au Burkina Faso est que les élites ont toujours cru devoir penser et agir au nom et surtout pour tout le peuple : la conséquence est que les plans sont conçus soi-disant pour le bonheur du peuple mais n’arrangent vraiment jamais le vrai. Depuis des décennies, des initiatives de réconciliation nationale ont été prises au Burkina Faso mais elles ont toutes, toujours échoué parce que très souvent les concepteurs et/ou conducteurs ont toujours à un moment de l’histoire voulu faire passer leurs opinions personnelles pour la volonté du peuple et s’arrogeant le droit de décider pour/et à la place du peuple qu’ils sont pourtant appelés à servir.
La volonté de la CODER, à travers le Mémorandum pour la Réconciliation Nationale au Burkina Faso, est de rompre avec cette mauvaise pratique et de la remplacer par la seule action qui vaille la peine : expliquer tout au peuple et au peuple profond en lui disant toute la vérité afin de lui permettre de décider non seulement en toute souveraineté mais aussi en toute connaissance de cause.
La CODER estime qu’aucun intellectuel ou théoricien de Ouagadougou n’est aussi intelligent pour décider tout seul de ce qui engage la nation toute entière. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en œuvre un plan réel de conférences d’explications et de sensibilisations régionales et locales qui nous conduira dans un premier temps dans tous les centres urbains régionaux et ensuite dans toutes les localités de notre pays afin d’expliquer au Burkinabè des contrées les plus reculées la situation réelle de leurs pays, l’état des lieux à la date d’aujourd’hui et les propositions de la CODER pour un nouvel élan patriotique et surtout collectif.
Nous organiserons donc des rencontres directes avec les populations dans leurs cadres de vie afin de leur expliquer nos propositions et obtenir leur adhésion massive aux idéaux de la CODER. Cette activité débutera dès les premières semaines de notre mandat.
 La mise en synergie des volontés :
Le 16 octobre 2016, lorsque nous lancions la CODER, nous avions l’impression de prêcher dans le désert. Aujourd’hui chers collègues présidents, l’évidence est que nous avons été tellement entendus que la réconciliation nationale semble être le titre d’un morceau musical à la mode. Il est pris en chœur partout et par tout le monde, chacun profitant pour y mettre le contenu qui lui permet d’atteindre ses objectifs matériels immédiats. Il ne peut en être autrement d’ailleurs car la réconciliation est l’affaire de tous et ensemble.
Et les compatriotes vivant actuellement en exil à l’étranger devront avoir une place de choix dans le processus de la réconciliation nationale. Sans pour autant préjuger de la mauvaise foi de qui que ce soit, il nous apparait indispensable de donner un sens commun et un contenu unique à ce thème.
C’est pourquoi nous proposons la tenue d’une grande conférence de mise en synergie des volontés d’aller à la réconciliation qui réunira toute la classe politique sans exclusive, l’ensemble des structures et institutions œuvrant pour la réconciliation nationale, les amis et partenaires du Burkina Faso. Les objectifs principaux de cette conférence de mise en synergie seront de définir pour la réconciliation nationale au Burkina Faso un contenu unique, un message unique et de fédérer les volontés afin d’établir un plan national ou un chronogramme national ou une feuille de route de la réconciliation nationale au Burkina Faso.
 L’organisation d’un rassemblement national d’expression populaire :
notre objectif est de pouvoir montrer à la face du monde la volonté du peuple du Burkina Faso d’aller à un réel apaisement des cœurs, à la fin des rancœurs et à une vraie union sacrée de tous. Nous ne le dirons jamais assez, le Burkina Faso va mal, très mal et a très mal. Il a très mal uniquement à cause de la cupidité des femmes et des hommes qui composent son élite qui pour des raisons d’intérêts personnels et égoïstes versent dans la démagogie et le populisme en refusant d’affronter les vrais démons qui au fond sont internes.
Ne nous y trompons pas mes chers compatriotes : le Burkina Faso n’a pas d’ennemis extérieurs. Le vrai ennemi de notre pays c’est le mauvais moi de certains membres de notre élite nationale. Et c’est contre ce mauvais moi que nous appellerons à manifester au cours de ce grand rassemblement national d’expression populaire auquel le seul critère de participation sera « être Burkinabè et aimer le Burkina Faso ». A ce grand rassemblement, aucune distinction ne devra être faite entre membres du pouvoir et de l’opposition, entre pro et anti réconciliation, la seule obligation pour y prendre part étant la manifestation du refus de la violence et de la division.
La réussite d’un tel rassemblement serait, je n’en doute pas, une formidable motivation pour le Chef de l’Etat de sortir de ses hésitations et de lancer le processus devant conduire à la réconciliation nationale.
Chers Amis Membres de la Conférence des Présidents de la CODER,
Militantes, Militants, Amis et Sympathisants de la CODER,
Comme vous le voyez, il s’agit d’un programme très ambitieux mais qui est à notre portée. D’aucuns pourraient même s’amuser à penser qu’il est utopique. A ceux-là , je souhaite qu’ensemble nous répondions que les grandes œuvres naissent toujours des rêves les plus fous. Mais mieux, je souhaite qu’ensemble nous prenions conscience qu’il ne s’agit pas d’un rêve mais plutôt d’une impérieuse nécessité pour la paix, la stabilité, la sécurité et le développement de notre patrie commune le Burkina Faso et d’un impératif catégorique pour la construction de la nation burkinabè. Nous ne réussirons rien tant que nous laisserons nos calculs intestinaux prendre le pas sur notre vivre ensemble.
C’est pourquoi, je veux croire que cet ambitieux programme que je vous propose ce jour sera réalisé pour notre bonheur à tous. Il est bien entendu que nous n’y arriverons pas tant que chacun de nous ici présents, membres, sympathisants ou non de la CODER, n’accepterons de jouer le rôle qu’est le nôtre dans la réalisation de notre avenir commun. Je compte pour cela continuer à solliciter encore plus que par le passé nos amis de la presse qui ne nous ont jamais marchandé leur accompagnement. Nous espérons que votre action de vulgarisation portera plus sur les messages que sur les individus car ce dont il s’agit ici dépasse les personnes.
Il s’agit ni plus ni moins que de la survie même de notre nation. Les partenaires au développement et amis du Burkina Faso seront eux aussi sollicités et je ne doute pas qu’ils continueront de nous accompagner. La communauté internationale à travers l’UEMOA, la CEDEAO, l’Union Européenne, les pays amis et le Système des Nations Unies ne manqueront pas de donner leurs cautions et leurs soutiens à la manifestation de la volonté du peuple Burkinabè qui n’aspire qu’à une seule chose : la paix, la stabilité, la sécurité et le développement, ce qui ne sera possible sans une véritable réconciliation nationale.
Chers Amis membres de la Conférence des Présidents de la CODER,
Militantes, Militants, Amis et sympathisants de la CODER,
Mesdames et messieurs,
Vous l’aurez compris, le chantier est immense, il est à la hauteur du péril qui nous guette et que malheureusement nous côtoyons chaque jour un peu plus près. Ceux d’entre vous qui me connaissent savent que je ne connais pas le découragement ou la fatalité surtout quand l’enjeu est national. Je sais tout comme vous que le peuple Burkinabè est d’une force insoupçonnable et à laquelle nul ne peut résister pour peu que nous réussissons à rassembler cette force.
C’est pourquoi avec la permission des autres membres du bureau, je voudrais placer mon mandat sous le signe de l’espoir. Je nous invite toutes et tous, individuellement et collectivement à restaurer l’espoir malgré le péril imminent que court notre pays et malgré l’extrême gravité de l’heure. Je ne saurais terminer mon propos sans renouveler mes sincères remerciements à l’ensemble des personnalités, qui malgré leur programmes intenses, ont sacrifié une partie de leur temps pour nous témoigner de leur amitié et de leur soutien.
Je souhaite que la cause qui nous rassemble tous ici ce matin soit toujours la motivation de chacun de nous. Puisse Dieu Tout Puissant veiller sur chacun de nous et nous conduire à nos demeures respectives dans la paix et la quiétude.
Je finirai en vous demandant de ne jamais oublier que : « Ensemble tout est possible mais seul tout devient hypothétique».
Que Dieu protège et bénisse le Burkina Faso et que la réconciliation devienne tout simplement une réalité dans notre cher pays pour le bonheur de son peuple
Je vous remercie.
Justice-Réconciliation-Paix
Dr Ablassé Ouédraogo
Commandeur de l’Ordre National