C’est connu que partout dans le monde et surtout en Afrique, le paludisme tue des milliers de personnes par an. Pour venir en bout de cette maladie causée par la piqure de l’anophèle «gambiae», qui transmet le parasite vecteur à une personne bien portante, des chercheurs veulent agir sur ce processus et éviter cette transmission.
Pour ce faire, ils ont entrepris de modifier génétiquement les moustiques à travers un projet dit Target Malaria au Burkina Faso, dans le but de réduire le nombre d’anophèles «gambiae», puisque ce sont elles qui font cette transmission. Mais voilà , un problème se pose selon le Collectif citoyen pour l’agroécologie (CCAE).
Quant-on modifie au laboratoire des gènes d’organismes vivants, sommes-nous à mesure de maitriser cette manipulation ? Quelles sont nos marges de contrôle sur ces nouveaux êtres lâchés dans la nature ? Autant de questions qui conduisent le CCAE à dire que cette initiative est une «aberration», un saut vers l’inconnu qui pourrait avoir des conséquences pour la santé des hommes et de l’environnement. Selon Ali Tapsoba, porte-parole du collectif, «rien ne nous assure qu’en modifiant le génome du moustique, son organisme ne pourra pas héberger d’autres maladies voire plus mortelles que le paludisme».
Pour les animateurs de cette conférence de presse, il existe un risque de diffusion de femelles qui peuvent piquer une personne infectée par la Malaria et pourraient aussi s’accoupler avec des mâles locaux. Au porte-parole d’ajouter que la réduction de la population des moustiques peut permettre à d’autres espèce de se multiplier et cela peut provoquer aussi d’autres maladies plus graves que le paludisme.
La nature est une chaine et on sait que certains animaux se nourrissent de moustiques, le collectif citoyen pour l’agroécologie attire donc l’attention du public sur le fait que ces animaux seront obligés de changer d’appât, ce qui pourrait entrainer des conséquences que l’on ne maitriserait pas. C’est donc dire que le vide de niche écologique sera forcement occupé par d’autres races de moustiques dont on ignore les dangerosités.
Après avoir égrainé un chapelet de conséquences avec l’apparition éventuelle de moustiques génétiquement modifiés, le CCAE affirme qu’il va se battre conformément aux moyens républicains pour empêcher toute pratique de cultures génétiquement modifiées au Burkina Faso. Pour ce faire, les conférenciers ont annoncé une marche de protestation pour le 2 juin 2018 qui connaitra la remise d’un mémorandum et d’une pétition contre l’introduction de ces moustiques au Burkina Faso.
D’autres actions sont aussi prévues dans les jours à venir assure le collectif, qui annonce des rencontres avec les autorités coutumières et religieuses, mais aussi avec les communautés de base et les élus locaux.
Salamata NIKIEMA
Infobf.net