Du 27 au 29 novembre 2017, le président français Emmanuel MACRON a effectué une visite officielle au Burkina Faso au cours de laquelle il s’est adressé à la jeunesse africaine à travers un discours prononcé à l’Université Joseph KI-ZERBO, le mardi 28 novembre 2017. Il convient de rappeler que le choix du Burkina Faso par le Président français pour donner sa vision des nouvelles relations entre l’Afrique et la France n’est pas le fruit du hasard. Ce choix a été inspiré par la conscience politique hautement élevée dont la jeunesse burkinabè a fait preuve lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch manqué de septembre 2015.
Le Burina Faso a été choisi car sa jeunesse, qui est perçue comme un exemple de détermination et de combativité, jouit d’une bonne réputation auprès de l’opinion internationale. Le discours du Président MACRON à l’université Joseph KI-ZERBO, le temple du savoir, devait déboucher sur des échanges fructueux et constructifs entre le Président français et les étudiants burkinabè. Les étudiants burkinabè, dans leurs interventions, devaient faire montre d’une maîtrise des questions abordées, et faire ressortir les attentes de la jeunesse burkinabè et celle africaine vis-à -vis de la France.
Cette occasion qui devait servir à rehausser davantage l’image de la jeunesse burkinabè a donné lieu à un spectacle très pitoyable. En effet, il nous a été donné de constater que la quasi-totalité des jeunes qui occupaient l’amphi n’étaient pas des étudiants. L’amphi était peuplé de maçons, de commerçants et d’autres particuliers militants du MPP envoyés sur place pour applaudir au moindre mot, rire au moindre geste et relayer des selfies sur facebook. C’est le résultat catastrophique d’une misérable opération de récupération politique.
La jeunesse de l’Union Nationale pour le Progrès et le Changement (UPC) tient le gouvernement et le parti au pouvoir (MPP) pour responsable de ce que nous pouvons qualifier de «débâcle de l’amphi libyen». Notre gouvernement, par crainte d’un mouvement d’humeur des associations estudiantines et autres organisations de la société civile pendant la visite d’Emmanuel MACRON, a sélectionné des jeunes dociles pour s’adresser au Président français.Ce groupe de militants et autres béni-oui-oui du MPP a tout simplement terni l’image de notre pays.
La démarche du gouvernement visant à occulter son impopularité auprès des étudiants a produit l’effet inverse en mettant à nue le tâtonnement du régime. Ce, sous les yeux du chef de l’Etat, Roch Marc Christian KABORE, qui n’a pu s’empêcher de s’éclipser un instant pour essuyer la sueur de honte. C’est ici lieu de pointer la responsabilité personnelle du chef de l’Etat dans ce qui s’est passé, car personne ne peut croire que cette opération du MPP se soit déroulée à son insu.
De fait, elle a été préparée et exécutée par son entourage immédiat en liaison avec la direction politique du MPP. D’ailleurs tout le monde aura noté que notre Président s’est impliqué très personnellement dans la préparation de cette visite, y compris en vérifiant par lui-même certains détails pratiques, comme l’état de l’amphi quelques jours avant la visite.
Au passage, cette séquence a laissé les burkinabè pantois : est-ce vraiment le rôle d’un chef d’Etat que de s’occuper de ce genre de choses ? A quoi servent les collaborateurs ?
Soit il ne leur fait plus confiance, soit il est gagné par l’oisiveté ! L’Union nationale des Jeunes de l’UPC (UNJ/UPC) tient à attirer l’attention de l’opinion nationale sur le fait que les étudiants burkinabè ne doivent pas être tenus pour responsables de ce de qui s’est passé à l’amphi libyen. Les universités du Burkina Faso font partie des meilleures dans la sous-région, malgré les conditions drastiques dans lesquelles travaillent les étudiants et les enseignants.
Au Burkina, il existe bel et bien des étudiants doués et cultivés, capables de tenir tête à n’importe quel président au cours d’un débat. Le niveau intellectuel de ceux qui ont adressé des questions au Président français ne sauraient refléter celui de la majorité des étudiants burkinabè. De par sa proximité avec le monde estudiantin, l’UNJ/UPC sait que les étudiants burkinabè en grande majorité sont méritants.
Elle dénonce le mépris du MPP envers le monde de l’éducation. Alassane Bala SAKANDE, Président de l’Assemblée nationale, est la parfaite illustration de ce mépris, lui qui affirme fièrement avoir ses enfants dans des universités à l’extérieur, loin de la misère des enfants du peuple.
L’UNJ/UPC réaffirme sa solidarité à l’endroit des étudiants, de leurs enseignants tout à fait dévoués, ainsi qu’à l’administration scolaire, dans tous leurs combats visant de meilleures conditions d’études et de travail.
Ouagadougou, le 1er décembre 2017
Pour l’Union nationale des Jeunes de l’UPC,
Le secrétaire chargé de couches sociales professionnelles
Eric Stéphane Palingwendé ZONGO