Un avion de la compagnie aérienne Yeti Airlines s’est écrasé, vers 10h50 heure locale, dans des gorges près de l’aéroport de Pokhara au Népal. Au moins 67 personnes sont mortes dans ce drame, la catastrophe aérienne la plus meurtrière en trois décennies dans le petit pays himalayen. « 31 (corps) ont été transportés dans les hôpitaux », a déclaré l’officier de police AK Chhetri à l’AFP, ajoutant que 36 autres dépouilles avaient été trouvées dans le profond ravin où s’est écrasé l’avion.
« L’avion s’est écrasé dans des gorges » où les recherches de corps sont « difficiles », a déclaré un porte-parole de l’armée Krishna Prasad Bhandari. « Aucun survivant n’a été trouvé pour l’instant », a-t-il précisé, soulignant que les secours se poursuivaient. L’enquête va désormais devoir déterminer les circonstances de ce drame.
Que s’est-il passé ?
L'avion de la compagnie Yeti Airlines était parti de la capitale Katmandou. Il se rendait à Pokhara, dans le centre du pays, 20 minutes de vol seulement, mais s’est écrasé juste avant son arrivée. Des images amateures, visibles dans la vidéo en tête de cet article, montrent l’avion volant particulièrement bas avant qu’il ne bascule, les pilotes tentant peut-être une ultime manœuvre pour éviter à l’appareil de s’écraser.
La carcasse a été retrouvée quelques minutes plus tard, en feu, dans un ravin profond entre l’ancien aéroport de Pokhara créé en 1958 et le nouveau terminal international qui a ouvert ses portes le 1er janvier dernier. Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre des dizaines de personnes massées tout autour d’un immense brasier, dégageant un épais nuage de fumée noire, au fond d’un ravin dont la végétation était déjà réduite en cendres. Selon les autorités locales, sur les 72 passagers et membres de l’équipage, au moins 67 sont décédés. Quinze étrangers se trouvaient à bord, dont un Français.
Nous ignorons pour l’instant s’il est en vie ou non.
Qu’est-ce qui a provoqué ce crash ?
Les causes du drame sont inconnues. Les conditions météo étaient bonnes, mais les exploitants d’avion affirment que le Népal ne dispose pas d’infrastructures permettant d’établir des prévisions météorologiques précises, en particulier dans les régions reculées au relief montagneux accidenté, où des accidents mortels ont eu lieu par le passé. La météo change également rapidement dans les montagnes, créant des conditions de vol encore plus ardues. La première hypothèse évoquée pour tenter d’expliquer ce drame est un problème de moteur. Le constructeur de l’ATR 72, un appareil français, s’est d’ailleurs dit disponible pour aider les enquêteurs.
La sécurité des compagnies népalaises en question ?
Le Népal est souvent désigné comme un pays dangereux pour ses trajets en avion : au moins 20 accidents mortels ont eu lieu ces dix dernières années. En mai 2022, vingt-deux personnes qui se trouvaient à bord d’un bimoteur Twin Otter exploité par la compagnie népalaise Tara Air – 16 Népalais, quatre Indiens et deux Allemands – étaient mortes lorsque l’appareil s’était écrasé, peu après son décollage de Pokhara. Son épave avait été retrouvée un jour plus tard, sur le flanc d’une montagne, à une altitude d’environ 4400 mètres.
Après ce crash, les autorités avaient renforcé les réglementations, notamment pour que les avions ne soient autorisés à voler uniquement si les prévisions météorologiques sont favorables tout au long du trajet. Vingt ans plus tôt, en 1992, 167 personnes à bord d’un avion de Pakistan International Airlines avaient péri dans un accident à l’approche de Katmandou. Deux mois auparavant, un accident de la Thai Airways avait fait 113 morts près du même aéroport.
L’industrie aérienne népalaise a connu un véritable essor ces dernières années, transportant des marchandises et des personnes dans des régions difficiles d’accès, ainsi que des randonneurs venus faire du trekking et des alpinistes étrangers. Mais elle a souffert d’un manque de sécurité dû à une formation des pilotes et une maintenance insuffisantes.
Modeste KONOMBO
Infobf.net