Renvoyé le jeudi 22 juin dernier à ce vendredi 21 juillet 2017, le procès sur la présumé cyber-escroquerie à la CBAO a donné son verdict. Avec plusieurs individus de la sous région Ouest africaines impliquées dans cette affaire, 14 burkinabè dont les plus connus, le jeune opérateur économique Sayouba Zidwemba alias «Will Télécom» et Christian Tapsoba dit «Goroko», étaient poursuivi au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou.
Accusé de «cyber escroquerie en bande organisée, vol, complicité et tentative de cyber-escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, usurpation d’identité et de nationalité», Sayouba Zidwemba, clamait son innocence, indiquant avoir été mouillé dans une situation dont le seul responsable serait un certain «André Kouassi», un ivoirien à qui il a vendu du matériel informatique.
Les avocats de la défense (ici la banque) ont battu en brèche tous les arguments avancés par les prévenus et leurs conseils, ce qui a conduit la chambre correctionnelle du TGI à délibérer et à prononcer la sentence. Reconnus coupables de «complicité de falsification de documents informatisés», Sayouba Zidwemba, Christian Tapsoba et Alexandre Hossou sont condamnés à 36 mois de prison ferme avec chacun 1,5 million de FCFA d'amande, plus 10 millions à payer comme préjudice causé à la banque. En plus de cela, Sayouba Zidwemba est sommé de reverser les 67,8 millions de FCFA à la banque, cette somme qui avait été virée dans son compte et utilisée, ce qui lui vaut aujourd’hui sa poursuite judiciaire. Des 14 accusés, 12 ont été reconnus coupables et deux relaxés. Les avocats des condamnés ont 15 jours pour faire appel.
Historique de cette affaire des 1,8 milliards de FCFA volatilisés des comptes de la CBAO Dakar.
L’histoire remonte au mois de mars 2017 où, du sommet de la CBAO filiale bancaire marocaine basée à Dakar au Sénégal, on fait état de disparition de grosses sommes d’argent par transferts douteux, un vol organisé sur la base des fichiers de la banque. L’affaire éclate au Niger où un client (suivi plus tard de plusieurs autres), signale des «opérations anormales» sur son compte. Une enquête est donc ouverte et ce qui paraissait au début comme une cyber-attaque est vite rectifié par la banque elle-même, il s’agirait en réalité d’une «mafia interne» qui opérait en complicité avec des tiers. Les enquêteurs réorientent leurs recherches et les premières interpellations sont faites.
Le cerveau présumé de la bande est auditionné et mis aux arrêts le 10 mars 2017. Il s’agit de Georges Felix Bidi, sénégalais, c’est le chef du département de la Production et de l’Intégration de la CBAO, l’expert chargé de géré tout le système intégré en interne de la banque. En plus du Sénégal, ses prérogatives s’étendent aux filiales de la banque basées au Burkina Faso, au Bénin et au Niger. De ce qui est dit, Georges Felix Bidi est le seul qui maitrise le serveur sécurisé de la banque à partir duquel, tous les comptes de tous les clients de l’établissement peuvent être manipulés, et il procéderait par «virement intégré».
A la recherche de présumés complices dans toute l’Afrique de l’Ouest, les enquêtes s’entendent au Burkina Faso et des noms sont cités, des opérateurs économique, entrepreneurs et hommes d’affaires sont impliqués, le premier à être appréhendé dans la semaine du 20 mars 2017 par la gendarmerie est le nommé «Goroko», du pseudonyme du jeune et richissime homme d’affaires connu des Ouagalais. Du même coup, le nom du PDG de la société de vente de matériel informatique Will Télécom, est cité. Recherché, il sera arrêté le 27 mars 2017 après son audition et comme tous les 13 autres, déféré à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou MACO.
Mais de ce que les accusés expliquent, ils auraient tous été embarqué sans leurs consentements par un individu qui leur fait des virements bancaires et qui disparait plus tard dans la nature. Tous les faits sont similaires à quelques exceptions près. Pour un des accusés, copropriétaire d’une boîte de nuit huppée de la place, il dit avoir été accosté une nuit par un de ses clients, lui demandant un compte bancaire CBAO pour recevoir un virement bancaire d’une quarantaine de millions de francs, contre 20 millions de FCFA comme récompense. Ce qu’il a fait, avant d’être interpellé quelques jours après par la gendarmerie nationale pour complicité d’escroquerie. Sayouba Zidwemba pour sa part, dit avoir livré du matériel informatique d’une valeur de 67,8 millions de FCFA à un ivoirien «André Kouassi», qui aurait lui aussi, pris la poudre d’escampette après son virement bancaire.
Will Télécom comme les autres, clame son innocence mais n’a pas été entendu par le tribunal. Cette affaire rocambolesque aux allures d’un film hollywoodien prend ainsi fin ce vendredi 21 juillet 2017 pour ce qui concerne le Burkina Faso. Les regards sont désormais tournés vers Dakar pour avoir la suite avec les autres accusés.
M.K.
Infobf.net