Infobf.net : comment se porte le monde de la restauration aujourd’hui ?
Madame Yugo/ Séré Malika : tout est difficile aujourd’hui, et on fait avec voilà .
De nos jours, avec le principe de la journée continue dans l’administration publique et chez certains privés, beaucoup de personnes se restaurent dehors à midi, on peut dire que le secteur prend de l’importance, qu’en pensez-vous ?
C’est bien vrai mais, moi je pense qu’il n’y a pas eu de grand impact. Parce que beaucoup de gens ne rentraient pas d’ailleurs. Il se trouvait que dans les ministères il y a toujours eu des cantines et des cafétérias et beaucoup de gens mangeaient sur place. Donc à mon avis, je crois que l’impact n’est pas si important que ça. Pour que les restaurateurs et les professionnels puissent en profiter, il faudrait peut- être que l’Etat règlemente un peu le secteur.
Le gouvernement a ordonné les établissements publics il y a quelques semaines de prioriser dans leurs consommations les mets locaux. Quelle appréciation faites-vous de cette mesure ?
C’est une bonne chose mais, je pense qu’on le faisait déjà . Mais encore là , il faudrait qu’il accompagne car c’est très important. Parce que souvent les produits locaux il y a des moments où on en trouve pas. C’est cher pour ce qui est du riz. Je travaille avec des femmes de Moctédo (une localité à l’intérieur du pays) mais, le riz est cher. Il est plus cher que le riz qui vient d’ailleurs. Il faudrait qu’on fasse plus d’effort, que l’Etat nous accompagne plus et à ce niveau on pourrait faire consommer davantage. Sinon, c’est une bonne chose.
Avez-vous le sentiment que les burkinabè aiment les mets de leur pays ?
Oui bien sûr, ils sont très friand des mets de leur pays. De plus en plus dans les cantines on n’est obligé de mettre les mets du pays. Sinon au bout d’un moment si tu dis que tu vas faire la cuisine européenne tu fini par te rendre compte que les burkinabè aiment plus les mets de leur pays.
Sur le marché de la concurrence à l’étranger, comment se porte nos produits ?
C’est comme tout autre produit. Il faut qu’on fasse la promotion de nos produits en étant plus agressif.
Nous sommes peu compétitifs, quelle solution ?
La promotion des produits, il faut qu’on envoie des gens pour faire la promotion des produits burkinabè.
Vous qui aviez réussi dans le domaine de la restauration. Pouvez-vous nous partagés votre expérience ?
J’ai une maîtrise en science-économique qui n’est pas du tout destiné à mon secteur d’activité. En réalité j’étais assez entreprenante même pendant mes études. Mais je ne faisais pas de la restauration en tant que telle. Après les études, j’ai décidé de me lancer dans un secteur. J’ai une de mes relations qui m’a conseillé et petit à petit j’ai commencé à aimer. Mais au paravent durant toutes mes études je faisais de la restauration en travaillant dans tout ce qui est restaurant. Je faisais le service pour pouvoir financier mes études. Donc je connaissais le secteur et petit à petit de retour au pays, j’ai commencé et c’est parti.
Aujourd’hui quoi qu’on dise la pauvreté a un visage de femme. Comment vous voyez cette situation et comment on doit faire pour changer cette donne du fait que les femmes constituent 52 % de la population ?
Il faut faire plus confiance aux femmes et en ce moment vous allez voir que les choses iront mieux. Parce qu’une femme quand elle s’engage, elle est engagée et en ce moment, elle n’attend pas de retour, et en plus elles sont combatives.
Pour vous les femmes doivent-elles prendre les devants ou on doit à chaque fois les soutenir ?
C’est ça le gros problème. Il faut que les femmes prennent les devants mais, vous savez on est dans un monde d’homme où la femme pour se faire une place c’est très difficile. Si on ne nous propulse pas, toute seule en tant que femme tu as du mal. Moi je sais que je suis dans un monde d’homme et il arrivait des moments où je devrais m’imposer. Je sentais quelque fois ce regard qui dit de toutes les façons c’est une femme et moi en tant qu’homme j’ai une femme à la maison. Je me suis imposée. Une femme quand tu rentres dans un secteur où tu veux faire de l’entreprenariat, tu es obligée d’être deux fois plus armée. Parce que les gens ne te laissent pas la place.
Qu’est qui vous plait le plus dans ce métier ?
C’est lorsque je prépare et que les gens sont contents. La restauration est un secteur qui est très difficile. Quand tu fini de préparer, tu as toujours cette angoisse est ce que ça s’est bien passé, est ce que les gens n’ont pas été malade. Souvent, il m’arrivait avec les étudiants d’attendre le lendemain pour avoir les résultats et je ne dormais pas la nuit. Quand on te rassure que ça s’est bien déroulé et que tu as offert un bon repas et que les gens ont aimés, tu es tranquille.
Quelles sont vos ambitions pour ce secteur ?
Je souhaite qu’on règlemente plus ce secteur. Les prix aussi parce que celui qui veut bien manger doit mettre de l’argent. Souvent les gens ne comprennent pas. Quand tu sors un plat, il y a beaucoup de chose qui entre en compte à savoir le personnel, les impôts et d’autres charges. Il y a tout cela qu’on doit prendre en compte.
Quels conseils avez-vous à donner à vos sœurs qui aimeraient faire comme vous, exercer le métier de restauratrice?
La restauration est un métier qui est noble et j’encourage mes sœurs qui aimeraient emboiter mes pas de le faire sans hésiter. La seule chose que je puisse dire c’est surtout le travail bien fait. Il ne faut pas chercher à gagner très vite mais plutôt à faire un bon travail et après, le reste ça se fait tout seul.
Interview réalisée par : Salamata NIKIEMA et Michael TOUGRI
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