Engagées dans une dynamique irréversible de lutte contre le terrorisme, le blanchiment de capitaux, la mal gouvernance, la corruption et tous les faits assimilés, les autorités de la Transition découvrent, au fil du temps, des faits graves de malversations financières et de crimes économiques à la suite des dénonciations de citoyens.
A la suite des révélations graves faites le lundi 4 novembre 2024 par Son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, chef de l’Etat relatives au détournement de fonds publics et d’enrichissement illicite portant sur un patrimoine estimé à plus de 3 milliards de francs CFA, nous avons découvert d’autres cas d’abus de pouvoir ayant entraîné une perte de ressources financières évaluées à plusieurs milliards de francs CFA, de 2001 à 2022.
En effet, profitant de leur position au sommet de l’Etat, des Burkinabè mus par une cupidité sans limite, un mépris du prochain et dénués d’une conscience sociale et d’une sensibilité humaine, obnubilés par le pouvoir, ont malmené les règles de bonne gouvernance et de gestion vertueuse des biens publics. Ce tableau sombre de l’histoire de notre pays met à nu des opérations de privatisation aux allures de spoliation où les espoirs d’un développement harmonieux furent trahis par des intérêts privés voraces et sans scrupules. Dans ce propos, il sera question du dossier relatif à la privatisation, en 2001, de la SOCOGIB (Société de construction et de gestion immobilière du Burkina) dont le patrimoine immobilier était estimé à 3 208 parcelles avec plus de la moitié des parcelles déjà bâtie.
La société AZIMMO, bénéficiaire de cette privatisation, en lieu et place d’une gestion transparente du patrimoine foncier national cédé, s’est lancée dans un cycle interminable de ventes, d’acquisitions et d’hypothèques de terrains et de parcelles sous le couvert et avec la complicité des autorités politiques de l’époque. L’amer constat dans le processus de privatisation de la SOCOGIB révèle que le paiement a consisté pour AZIMMO, à revendre les éléments du patrimoine de la société objet de la privatisation. Il s’agit de quatre immeubles situés entre le lycée Saint Exupéry et l’ambassade d’Allemagne à un montant de 1 700 000 000 FCFA ayant ensuite servi au paiement de la contrepartie financière y afférente qui s’élevait à un 1 793 617 464 FCFA.
Ce mécanisme soulève la question du créancier qui se paie à lui-même et laisse comprendre que la privatisation de la SOCOGIB par l’Etat burkinabè ressemblait plus à un don de la part de l’Etat burkinabè à Madame Alizeta Ouédraogo dit Gando, présidente du Conseil d’administration de la société AZIMMO dans la mesure où l’Etat en est sorti appauvri. Outre cette vente effectuée par l’acquéreur de la SOCOGIB, d’autres ventes aussi importantes qu’illicites ont été réalisées juste après l’accord de privatisation. Et, au total, le montant des ventes de parcelles réalisé immédiatement après la privatisation de la SOCOGIB s’élève à l’incroyable somme de 7 100 000 000 FCFA encaissée en moins de 5 ans.
En effet, dès la conclusion de l’accord de privatisation, les acquéreurs se sont hâtivement défaits de la quasi-totalité du patrimoine de la SOCOGIB en se livrant à des transactions expéditives qui suscitent des interrogations quant à la véritable intention derrière la privatisation, jetant du même coup, un gros doute sur la transparence et l’éthique de ces opérations. Les acquisitions à l’allure d’accaparement massifs de terres par les sociétés AZIMMO et SOCOGIB désormais patrimoine de Madame Alizèta Ouedraogo dit Gando, de ses fils et filles, ont concerné, entre autres :
– 183,47 hectares et 153,51 hectares au quartier Balkuy attribués en 2003 respectivement à AZIMMO et à la SOCOGIB, toutes les deux sociétés appartenant à la même famille ;
– 437 hectares toujours à Balkuy dont une partie d’une valeur financière de 8 311 892 480 FCFA a été vendue en 2006 ;
– 900 hectares à Nioko II en 2003 ;
– 1 001,12 hectares dans la zone de Yagma en 2007 ;
– 133 parcelles couvrant une superficie de 65 610 m² au quartier Ouaga 2000, d’une valeur estimée à 2 296 595 000 F CFA, octroyées à Madame Alizeta Ouédraogo représentée par son fils Mahamadou Ouédraogo.
De 2017 à 2022, la vente des parcelles réalisée par la SOCOGIB s’élève à l’extraordinaire montant de 24 000 000 000 FCFA soit 8 000 000 000 de FCFA pour la zone de Balkuy et 16 000 000 000 FCFA pour la zone de Nioko2. Alors que le chiffre d’affaires déclarées au cours de la même période s’élève à un montant de 4 000 000 000 FCFA. De toute cette manne financière, l’administration fiscale n’a perçu que la somme de 83 936 380 FCFA comme revenu fiscal.
Comment comprendre donc cet énorme décalage entre les recettes réellement encaissées, le chiffre d’affaires déclaré et les impôts nets payés ? La privatisation de la SOCOGIB, présentée comme une ère de renouveau et de prospérité pour l’Etat burkinabè, s’est transformée en une vaste entreprise de dissimulation de parcelles, révélant une corruption systématique et profondément enracinée.
En effet, en mai 2021, sous le fallacieux prétexte d’avoir été victime de casses pendant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, Monsieur Mahamadou Ouédraogo alors directeur général de la SOCOGIB puis président du conseil d’administration, après la fuite de l’ancienne PCA, sa mère, décide de céder 700 parcelles couvrant une superficie de 309 279 m², à Madame Compaoré Salah, épouse du frère Cadet de l’ancien Président Blaise Compaoré, pour la somme dérisoire de 50 000 000 FCFA, somme qui n’a jamais été versée, alors que la valeur réelle de ces parcelles est estimée à 10 824 765 000 FCFA. Cette transaction scandaleuse illustre à quel point les intérêts privés ont été favorisés au détriment des intérêts de la collectivité.
La situation a atteint son paroxysme le 30 décembre 2022, lorsque, par une convention notariée, le même Mahamadou Ouédraogo cède gratuitement un total de 3 300 parcelles à diverses sociétés soit : – 500 parcelles à SAGBA TP ;
– 2 000 parcelles à Salma International ;
– 600 parcelles à AZIMMO SA ;
– Et 200 parcelles à TAN-ALIZ SA.
Il est à noter que toutes ces sociétés appartiennent aux frères, sœurs, à la mère et à Monsieur Mahamadou Ouédraogo lui-même. La valeur totale de ces parcelles s’élève à 19 800 000 000 FCFA, démontrant l’ampleur de la spoliation. Ces actes révèlent une grave collusion entre les autorités d’alors et les promoteurs immobiliers où les décisions sont prises en coulisses, sans une transparence réelle, en contournant les mécanismes de contrôle.
Ces acquisitions révèlent aussi des pratiques insidieuses d’accaparement des terres, réalisées avec la complicité flagrante et active des autorités de l’époque avec des contreparties. Elles n’ont pas suivi non seulement les règles normales en la matière, mais les promesses faites aux populations n’ont pas, non plus été respectées, créant ainsi à certains endroits des tensions et des crises liées à la spoliation.
Ces différentes manœuvres, consécutives à la privatisation, dévoilent un climat de prédation, de corruption et de malversations, au détriment de l’Etat et des laborieux citoyens. Aujourd’hui, pendant que notre pays est pleinement engagé dans la guerre contre le terrorisme, ces fonds issus de pratiques criminelles sont employés par leurs propriétaires ou détenteurs pour financer les ennemis du peuple. Les voleurs d’hier sont devenus aujourd’hui des commanditaires d’actions terroristes et de déstabilisation à travers divers circuits contre le Burkina Faso, leur propre pays. Hier, ils ont ruiné l’Etat et compromis le bien-être du peuple burkinabè.
Aujourd’hui, hors du Burkina Faso, et toujours motivés par l’avidité du pouvoir, ils participent encore à freiner son envol, son indépendance et son développement. En conséquence, tout en réaffirmant la détermination de la Transition, sous le leadership de son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso,chef de l’Etat à rétablir les valeurs d’intégrité, de solidarité, d’honnêteté, de courage, d’équité, de transparence et de probité, le gouvernement prendra toutes les mesures adéquates et fermes à l’encontre des individus et des sociétés dont les actions nuisent à notre chère Patrie. Certaines mesures sont déjà en cours et d’autres plus pointues sont en gestation.
En tout état de cause, la justice sera saisie pour connaître de ce dossier en vue d’appliquer la rigueur de la loi sur les auteurs ou les complices de toutes ces malversations. Les populations sont donc invitées à s’engager vaillamment dans cette dynamique, à dénoncer tous les cas de malversations financières, de spoliation de biens, d’abus d’autorité et de pouvoir exercés contre les citoyens honnêtes et à ne plus acheter des parcelles dès à présent avec les sociétés mises en cause en attendant la prise de mesures urgentes qui seront diligentées. Toutes les institutions et structures engagées dans la lutte contre ces fléaux sont ici interpellées. Une célérité dans le traitement des dénonciations, des plaintes et des dossiers de crimes économiques est attendue.
Ensemble, œuvrons à bâtir une société de justice, de paix et de prospérité pour tous !
La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons !
Capitaine Azaria SORGHO
Porte-parole du KORAG