Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè c’est insurgé contre le régime Compaoré qui a passé 27 ans à la tête de l’Etat. Les multiples manifestations ont contraint le président déchu ç quitter le pouvoir et à s’exiler avec certaines autres personnalités du pays. Trois ans après et à l’occasion de la commémoration de ces évènements, l’Alliance des partis de la majorité présidentielle du nouveau pouvoir le MPP, a initié une rencontre pour faire un bref rappel, le bilan et les perspectives de l’après régime Compaoré.
Pour ce qui est du rappel historique des avènements, Me Bénéwendé Sankara, président de l’Union pour la renaissance parti sankariste, soutien que l’insurrection populaire avait pour objectif la consolidation de la démocratie et une alternance. Il indique que l’insurrection est née du fait que Blaise Compaoré n’a pas tiré leçons des évènements notamment celui de 1998 qui a ébranlé son pouvoir, de 2004 et de 2011, avec la mutinerie qui gagne sa garde présidentielle, le RSP.
Le deuxième conférencier Abdoul Karim Sango quant-à lui, pose la problématique qui a conduit les burkinabè dans la rue les 30 et 31 octobre 2014. Selon le constitutionnaliste, répondre à cette question, c’est apporter une réponse aux problèmes des burkinabè. Par ailleurs, il estime que malgré cette insurrection et l’arrivée du MPP au pouvoir, «l’arbre ne doit pas cacher la forêt». En témoigne, souligne-t-il, les différents rapports et les résultats de la mise en œuvre du PNDES qui sont mitigés. L’une des critiques de l’ancien commissaire de la commission électorale indépendante, est portée sur l’accès à la justice, la corruption et les libertés. Pour lui, en dépit des nombreux efforts consentis pour garantir l’indépendance de la justice, ce pouvoir est au centre de toutes les critiques du fait de sa lenteur et souvent de certaines décisions incomprises par les populations.
La lutte contre la corruption quant-à elle a du mal à être perçue par les burkinabè. Abdoul Karim Sango ne va pas du dos de la cuillère pour dénoncer la validation du nouveau groupe parlementaire de l’Union pour le progrès et le changement/ Renouveau démocratique. Aujourd’hui, c’est l’UPC qui en paie les frais, «aucun parti politique n’est à l’abri, si des décisions fortes ne sont prises pour mettre fin au nomadisme politique», dit-il.
L’arrestation de coordonateur du Cadre d’expression démocratique Pascal Zaida, a aussi été abordée dans cette conférence publique. Abdoul Karim Sango estime que cette action du pouvoir public fait de Zaida un héros, il dénonce les tentatives de remise en cause des libertés de manifester. Avant de conclure que le MPP doit engager des reformes pour répondre aux aspirations des peuples s’il ne veut pas le retour de l’ordre ancien.
Emile Paré, responsable de l’école politique du MPP, lui pour sa part s’insurge contre l’expression «insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014». Pour l’ancien député, il faut situer les choses dans leurs contextes, l’insurrection populaire a débuté à partir du 27 octobre 2014 sur l’ensemble du territoire national. Pour lui, il est important de considérer l’insurrection populaire avec une grande attention et avec l’action majeure des jeunes et surtout l’action décisive des femmes pour la chute du régime Compaoré. Pour le «chat noir du nayala», il n’est pas juste de résumer l’insurrection aux différentes actions des organisations de la société civile. L’insurrection a bel et bien été organisée par les partis politiques qui ont assumé la direction, «il n’est pas du devoir des OSC d’organiser une insurrection» a-t-il laissé entendre.
Si pour les trois conférenciers l’insurrection populaire ouvre une nouvelle étape pour la démocratie burkinabè, tous sont unanimes que le régime Kaboré doit engager des réformes dans tous les secteurs pour répondre aux nombreuses aspirations du peuple.
C’est un panel qui réjouit le coordonnateur de l’APMP, Clément Sawadogo, qui souligne qu’en deux ans on ne peut pas tout réaliser mais, que le train des réalisations est en bonne voie et en marche.
Salamata NIKIEMA
Infobf.net