Le jeudi 30 octobre 2014, dès 10 heures, les barrières conduisant à l’Assemblée nationale où les députés s’apprêtaient à modifier l’article 37 de la constitution du Burkina Faso, tombaient suite à la pression des manifestants. La suite, c’est une insurrection population avec à la clé le départ du président Compaoré le 31 octobre 2014, mettant ainsi fin à 27 ans de régime. Trois ans après, les burkinabè commémorent cet évènement et s’en souviennent.
Ce mardi 31 octobre 2017, c’est une commémoration sombre de ce troisième anniversaire qui est donnée de voire aux monuments des martyrs à Ouaga2000. Dès 10 heures, la sirène retentit, tout le monde se lève avec le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, pour observer une minute de silence. S’en suit un dépôt de gerbe au pied du monument des héros, puis l’hymne aux morts dans une symphonie purement militaire est sonné.
Le cérémonial du dépôt de gerbe avec le président du Faso
Un fait majeur l’absence de bon nombre d’acteurs ayant joué le premier plan dans l’insurrection population des 30 et 31 octobre 2014, dont le chef de file de l’opposition politique Zéphirin Diabré qui avait, dans une déclaration, dénoncé cette commémoration à répétition sans que la réalité ne traduise les discours.
D’un autre côté, cette célébration ne semble pas aussi être un goût de certains leaders d’organisations de la société civile dont Marcel Tankoano du M21 et Safiatou Lopez qui étaient présents mais qui parlent de trahison. La raison de cette colère est selon eux, la non reconnaissance des actions des OSC dans le dispositif de dépôt de fleur, lors de cet anniversaire. Et pour Safiatou Lopez, «ils ont cité tout le monde sauf la société civile, c’est-à -dire un mépris des OSC, le travail qui est fait derrière pour anéantir la société civile, c’est grave».
Marcel Tankoano, leader du Mouvement M21
L’un des mots qui était sur toutes les lèvres était la manifestation de la justice. P.K. Victor, parent d’une victime, s’inquiète de la «lenteur de la justice». «Jusque là , nous ne savons pas ce qu’ils sont entrain de fabriquer», s’insurge P. K. Victor.
Si ce troisième anniversaire s’est déroulé sans grand bruit ni fanfare. Les cœurs des burkinabè ne se sont pas encore cicatrisés depuis les événements des 30 et 31 octobre 2014. De part et d’autres, on demande à ce que la vérité jaillisse sur ce qui s’est passé et que justice soit rendue à ceux qui sont tombés.
A ce jour, une dizaine de personne est toujours en attente de soins.
Michael TOUGRI
Infobf.net