Au Burkina Faso, il n’existe pas de patriotisme économique. Le marché est donc comme une jungle. Les consommateurs, l’État et les acteurs économiques (les commerçants) luttent chacun pour maximiser ses intérêts quittent à broyer l’autre ou les autres. Ce qui fait que les vrais prix sont fixés aux consommateurs par les commerçants. D’un quartier à un autre les produits n’ont pas le même prix dans les boutiques. Que ce soit le sel, l’huile , le riz, le sucre etc.
L’augmentation du prix du carburant ne pouvait, très logiquement, qu’entraîner une augmentation « sauvage » de tous les prix. Les agents du contrôle des prix n’y pourront rien. L’incivisme et le cynisme se mêlent à la cupidité mercantiliste. Par exemple : Au Burkina, quand la rumeur court qu’on a augmenté les salaires, le lendemain les commerces font flamber les prix. Lorsque réellement il y a augmentation de d’1%, les commerçants augmentent les prix des produits de 10%. Ce cynisme est bien connu.
Votre erreur, messieurs les ministres, c’est de n’avoir pas anticipé cette tendance inflationniste qui devait suivre automatiquement l’annonce de la hausse du prix du carburant. Maintenant la partie devient très difficile quand il faut jouer les sapeurs-pompiers dans une jungle économique. Parceque dans notre pays, le désordre est la règle du marché. On prospère dans le « sans foi, ni loi », l’égoïsme et la saignée des populations.
De ce qui précède voici quelques idées qui pourraient être mises en œuvre au-delà des mises en garde officielles qui risquent de se limiter à un simple effet. Or, il faudrait plutôt obtenir la stabilisation des prix pour décourager les comportements inflationnistes sur le marché.
1- Pour les transports :
Vu qu’il est plus facile de surveiller les prix des tickets en gare, il faut plutôt regarder rigoureusement les prix appliqués aux voyageurs chargés en cours de route. Ces derniers risquent de subir. Ils sont sans défense et n’ont pas le choix. Pareillement pour les voyageurs des villages et hameaux reculés où souvent il n’y a qu’un seul mini car par semaine pour rejoindre la ville. La difficulté est qu’il n’y a pas toujours des tickets qu’on peut vérifier à ce niveau. Il faudrait alors donner instructions aux FDS partout sur le territoire national de contrôler les prix du transport au niveau de leurs différents barrages. Cette vérification peut se faire directement auprès des passagers. Le tout avec la rigueur qui sied sans complaisance aucune en faveur des transporteurs au détriment des passagers.
2- Pour les prix des denrées.
Il faut songer à alimenter les « boutiques témoins »existantes et identifier d’autres boutiques de particuliers dans les quartiers qui seront des « boutiques témoins » de circonstance où les populations pourraient se ravitailler aux prix normaux. Il y a de grandes structures privées de distribution alimentaire avec lesquelles l’Etat peut établir un partenariat pour une meilleure pratique de prix en contrepartie de certaines facilités à l’importation.
Il n’y a pas de leurre à se faire les ménages burkinabé ne pourraient dans leur grande majorité supporter la hausse du carburant cumulée à celle des produits de première nécessité et des transports. Une inflation généralisée est intenable. Il faut des mesures d’autorité afin que le bas- peuple ne trinque pas.
Pour une fois, il faudrait que la fibre patriotique des opérateurs économiques puisse vibrer en faveur d’une solidarité envers les consommateurs dans ce contexte extrêmement difficile.
Lookmann SAWADOGO
Journaliste éditorialiste
Auteur.