Infobf.net : On parle beaucoup de changements climatiques, c’est quoi les changements climatiques ?
Do Etienne Traoré : Les changements climatiques sont considérés comme une des menaces les plus graves qui pèse sur l’humanité entière: menace pour l’environnement, la santé, l’économie mondiale, le développement durable, la vie sur la terre en un mot. On peut dire alors que les changements climatiques renvoient à des changements de caractéristiques climatiques (température, précipitations, vent, humidité) à un endroit donné sur de longues périodes (minimum 30 ans) se traduisant par un réchauffement de la planète (ce que nous vivons actuellement) ou son refroidissement. Par ailleurs, Il existe plusieurs définitions classiques de ces changements climatiques et parmi lesquels on peut citer celle du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui indique que le changement climatique est une variation statistiquement significative dans l’état moyen du climat qui peut être due à la variabilité naturelle ou aux activités humaines. La définition de la CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) se rapport aux changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine qui affectent la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat au cours de périodes comparables.
Quelles en sont les causes et les conséquences de ces changements climatiques ?
Il y a les causes naturelles et anthropiques. Mais ce sont les activités humaines qui sont considérées comme les principales responsables des changements climatiques actuels selon le GIEC. Il s’agit des activités menées par l’homme qui produisent des Gaz à Effet de Serre à travers l’utilisation d’énergie de source fossile dans l’approvisionnement énergétique, l’industrie et aussi les transports. A cela j’ajoute également la déforestation et le changement dans l’usage des terres sans oublier les pratiques agro sylvo pastorales non respectueuses des écosystèmes, etc… Ces changements climatiques résultent donc, d’une modification de la composition de l’atmosphère terrestre liée aux émissions de Gaz à Effet de Serre. Les principaux gaz à Effet de Serre reconnus comme responsables des changements climatiques sont: le Dioxyde de carbone (CO2), le Méthane (CH4), Oxyde nitreux (N2O), les Hydrofluorocarbones (HFC), Hydrocarbures Perfluorés (PFC), Hexafluorure de soufre (SF6) et le Trifluorure d’azote (NF3). Comme conséquences, il y a des changements de la température à la surface de la terre, des changements des régimes de précipitations, l’augmentation du niveau de la mer et l’apparition de plus en plus fréquente des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes (sécheresse, inondations, tempêtes de sable, cyclones, etc.).
Mais est-ce que ces changements climatiques sont une réalité au Burkina Faso ? Si oui comment se manifestent-ils ?
Les changements climatiques sont une réalité au Burkina Faso. Ils se traduisent entre autre par l’irrégularité des pluies, les sécheresses récurrentes, la perturbation du calendrier agricole, la disparition des points d’eau temporaires, la dégradation des ressources végétales, la disparition progressive de la biodiversité, la baisse des rendements, la modification du système fourrager, les changements sensibles de la physionomie du paysage et la disparition de la faune Il a été observé au cours des décennies des changements significatifs dans les positions des isohyètes y compris la disparition des isohyètes 1 400 mm et 1 350 mm au sud du pays et l’apparition des isohyètes 400 et 360 mm au Nord, ce qui reflète une baisse totale de la pluviométrie. Il y a eu également des sécheresses successives dans le passé (1972-1973, 1983-1984, 1996,1998, 2001,2005 et 2010) qui ont eu des conséquences négatives sur la vie des populations et sur les écosystèmes. Et actuellement il y a la survenue d’inondations récurrentes, notamment en 1988, 1992, 1994, 1999, 2009, etc. qui ont sévèrement affectées certaines localités du pays.
Une des réalités des effets des changements climatiques
Par ailleurs, et toujours concernant les réalités du phénomène au Burkina Faso, des études scientifiques menées dans le pays ont également mis en exergue entre autre une hausse généralisée des températures ; une tendance à la baisse du cumul pluviométrique annuel sur l’ensemble du pays ; une tendance à la baisse de l’indice sur le nombre de jours de pluie ; une tendance à la hausse du nombre de jours consécutifs sans pluie et la hausse de l’évapotranspiration des plans d’eau. Dans le futur il est à craindre un risque d’extension de la saison des pluies par le début et par la fin, avec moins de pluie en juillet-août et plus de pluie en septembre et octobre ; des risques de pluies diluviennes plus fréquentes et les durées de poches de sécheresse ayant une plus forte variabilité en début et fin de saison ; un risque de hausse des températures maximales et minimales de 2,5°C à 5°C ; un risque de hausse significative de l’évapotranspiration potentielle (ETP) mensuelle (2 à 10 mm). Avec tous cela, on peut noter alors que les conséquences prévisibles seront les suivantes : la forte variabilité de la pluie d’une année sur l’autre et la hausse de l’évapotranspiration potentielle (ETP) feront peser des risques certains sur le bon déroulement du cycle de croissance des cultures pluviales ; des inondations plus fréquentes et plus graves sont à craindre, avec leurs effets destructeurs sur les infrastructures et les habitats précaires, les pertes de récoltes et la destruction de la biodiversité dans les bas-fonds, ainsi que la recrudescence de maladies hydriques telles que le choléra et autres maladies parasitaires; la croissance de l’ETP conjuguée aux activités anthropiques devrait accélérer la dégradation du couvert végétal, ce qui va diminuer la recharge de la nappe par infiltration. Par ailleurs, les eaux de surface seront soumises à une plus forte évaporation, et les cours d’eau pérennes auront tendance à disparaître avec les forêts galeries. Actuellement l’évaporation fait perdre plus de 60% de l’eau retenue dans les barrages ; la capacité de régénération des formations forestières ne devrait plus arriver à compenser les prélèvements de bois pour des besoins en énergie ; la raréfaction des pâturages et des étendues d’eau d’abreuvement devrait contraindre les activités pastorales à migrer de plus en plus loin vers le Sud ; La consommation d’énergie électrique en climatisation devrait avoir une augmentation supplémentaire de 25% à 50% du seul fait de l’augmentation de la température compliquant la gestion de la production pendant les bouffées de chaleur.
Comment alors faire face aux conséquences de ces changements climatiques ?
Pour faire face aux changements climatiques il faut des mesures d’atténuation et d’adaptation. Il faut noter que l’atténuation des changements climatiques concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre causées par l’activité humaine et l’atténuation s’attaque aux causes du problème et vise aussi la réduction de la concentration des gaz à Effet de Serre dans l’atmosphère. L’adaptation aux changements climatiques consiste à se préparer à leurs répercussions actuelles et futures. Les mesures d’adaptation se concentrent sur la gestion des impacts du changement climatique, en vue de réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains. En un mot, l’adaptation et l’atténuation sont deux stratégies de lutte contre les changements climatiques, qui procèdent avec des moyens différents. La première s’attaque aux conséquences du changement climatique et cherche à réduire la vulnérabilité sociale et écologique pendant que la seconde traite ses causes et vise à limiter les émissions de gaz à Effet de Serre.
Quel est la contribution des populations face au changement climatique ?
Les populations surtout en milieu rural sont les plus vulnérables aux changements climatiques. Elles contribuent énormément dans cette lutte contre les changements climatiques. Elles ont développé de bonnes pratiques endogènes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Elles suivent également les orientations techniques et politiques en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Elles contribuent également dans la mobilisation des ressources financières au niveau national et surtout au niveau des canaux bilatéraux et multilatéraux.
De quels moyens dispose le Burkina Faso pour amoindrir les effets des changements climatiques ?
Le Burkina Faso est résolument engagé dans la lutte contre les changements climatiques. En effet, le Gouvernement burkinabè a initié plusieurs réformes notamment la mise en place d’Institutions spécifiques sur les changements climatiques, l’adoption de bien d’autres documents de stratégies et programmes pour renforcer sa résilience aux changements climatiques et contribuer aux efforts internationaux de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES). A ce jour il existe des ressources humaines qualifiées et des structures qui travaillent activement dans cette lutte contre les changements et dont les résultats sont très encourageants.
Salamata NIKIEMA
Infobf.net