« Conter pour la cohésion sociale » : Un spectacle pour valoriser l’héritage ancestral Spécial

lundi, 29 juin 2020 11:44 Écrit par  Achille ZIGANI / Infobf.net Publié dans Juin 2020

Dans le cadre de son projet de spectacles périphériques, la compagnie arts et intersection entend s’investir dans la valorisation du conte, pour la recherche de la cohésion sociale. Après avoir joué dans quelques quartiers de la capitale Ouagadougou, c’est maintenant au tour des provinces. Ainsi, elle a déposé ses valises à Kombissiri pour un spectacle intitulé « conter pour la cohésion sociale Â», et c'était le samedi 27 juin 2020.

Une mise en scène d’une heure de Paul P. Zoungrana où le sens du conte sur fond théâtrale, interpelle sur les valeurs éthiques et sociales. Dans un premier temps, les artistes plantent le décor sur une borne fontaine à trois heures du matin. Malgré l’intégration du conte au modèle dramaturge, la théâtralité est maintenue par les acteurs issus d’un échantillon des ethnies du Burkina Faso. Il s’agit de la gourmantché, Boundir Rachele Kouldiaty, du mossi Bobellé Toudeba, du samo Yacouba Bélémou, du bissa Marcel Balboné, de la peulhe Sanata Barry, du Bwaba Flatié Dembélé et du bobo Harouna Traoré.

Les sept acteurs, dès leur entrée sur le plateau captent l'attention du public. Pour la scène, il s'agit d'une période de pénurie d’eau et dans le jeu, les communautés s’affrontent sans tenir compte de la parenté à plaisanterie. Les comédiens ont fait la lumière sur les disputent dans les quartiers, qui foulent au pied les souches de l’union sociale. Rachel Kouldiaty et ses camarades l’ont fait ressortir dans une action scénique qui s’imprègne de la réalité qui représente le monde extra scénique. Soudain, au cours de ces bagarres interminables, Flatié Dembélé, le grand djéli du Mandé surgit sur scène.

conte-2             Les comédiens sur scène Â« Que le spectacle commence! Â»

Comme un souffle d’éclairage, ils sont instruits de leurs savoirs sur la mémoire des ancêtres. Ainsi, le griot avec sa Kora raconte les temps des guerres fratricides, intestines qui ont été gage de la souffrance des habitants de l’Afrique de l’Ouest. Du son de balafon, le récit de l’épopée mandingue avec Soundjata Kéita est entonné. Le batteur Marcel Balboné du Groupe Kalyanga fait rythmer la déclaration de la conférence de Kouroukanfougan. Le recours à la musique live à travers le kundé de M. Balboné et le cora de Flatié Dembélé, le talent du griot et la valeur de l’héritage ancestral. La musicalité spécifique qui se dégage de ce spectacle empêche une intégration stricte dans la catégorie dramaturge.

Sur la scène, les acteurs font des signes d’une représentation scénique de la cohésion sociale. Les aventures de la jeune fille Tobo Lobo, de Wend Toin et de Nongba ont fait ressortir dans le langage théâtral et le conte qui puissent le sens de la représentation des valeurs endogènes burkinabè. Dans la performance musicale, les acteurs laissent ressortir une leçon morale.

conte-3                 Paul Zoungrana, metteur en scène 

Cette leçon est qu'ils veulent que chaque ethnie mette en exergue les trois valeurs à savoir la générosité, l’hospitalité et l’amour du prochain. « La marmite ne se plaint jamais des flammes qui touchent ses fesses mais, elle se plaint de celle qui l’a mise sur au feu », ont-ils insinué. Enfin, le symbole représenté par les acteurs, est l’urgence de s’inspirer de ce que les ancêtres ont légués. Et d’entretenir qu’«un fardeau supporté en groupe devient une plume».

Rétablir les valeurs ancestrales

Paul Zoungrana, déclare que les différents actes de la représentation visent à ressusciter la connaissance et les valeurs ancestrales. Cela consiste, a-t-il dit, à fournir une vision du monde dont la responsabilité incombe à tous. « Il se trouve qu’il y a des réponses à nos problèmes d’aujourd’hui dans nos paroles d’hier », a-t-il fait remarquer. A cette période de crise sécuritaire et sociétale, il a reconnu que les artistes ont un rôle fondamental à jouer.

conte-4                    Le public en phase avec les comédiens

Outre les difficultés liées au problème financier, Paul Zougrana s’est réjoui de la bonne volonté des acteurs, de participer à cette sensibilisation par la création du spectacle. « Il faut qu’on reparte dans la vie d’antan. Il faut créer une situation pour se voir et s’écouter dans d’autres circonstances. Il faut pouvoir regarder une pour déduire les difficultés qu’il vit », a fait savoir l’actrice Boundi Rachelle Kouldiaty.

En outre, la conteuse a invité les parents à consacrer un peu de leur temps à leurs progénitures pour leur relater l’histoire de leurs ascendants. « On ne se parle plus. Il faut qu’on sente qu’on est ensemble », a-t-elle martelé. 

conte-5                Boundi Rachelle Kouldiaty, comédienne

Le directeur régional de l’Association pour l’éducation non formelle (APNEF), Ouédraogo Jonas a indiqué que le contenu de la comédie touche les besoins de la société actuelle et les aspects liés à la solidarité, une des attentes du public. Pour lui, la cohésion sociale, se désagrège du fait de l’égoïsme des uns et des autres. Il a félicité les acteurs pour la qualité de leur prestation et pour le choix de la région. Le projet « Conter pour la cohésion et pour la paix » est une initiative de la compagnie arts en intersection.

Le but est le renforcement du vivre -ensemble au Burkina Faso. Il a reçu le soutien de l’Association pour l’éducation non formelle (APNEF) et de l'association Soutien aux initiatives de paix dans le Sahel (SIPA).

 

Achille ZIGANI

Infobf.net

 

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