En effet, lors de son bilan de l’An I, Roch Kaboré a, enfin, levé le voile sur ce qu’entend faire le gouvernement pour « restaurer l’ordre normal » et éviter le pire. Il est temps de mettre fin à toutes ces procédures qui décrédibilisent la CAMEG, tranche le premier responsable du pays. « Nous avons fait un certain nombre de concertations avec les partenaires qui participent au financement de la CAMEG et nous avons abouti à des résultats. Je crois que dès début janvier, nous vous tiendrons informés et nous sortirons définitivement de cette crise », a-t-il confié le 29 décembre dernier lors de son bilan.
Selon une source gouvernementale, la question a fait l’objet d’un examen au Conseil des ministres en sa séance du 28 décembre dernier. Des actes forts y ont été annoncés et le ministère de la santé va, en principe, retourner au Conseil des ministres, dès ce mercredi, une proposition en « vue de mettre fin à ce long épisode ». L’on y annonce l’érection de la CAMEG (association) en « Société d’Etat ».
Dans cette optique, un document ficelé par le ministère de la santé (et qui sera déposé sur la table du Conseil des ministres) propose comme chronogramme, dès ce mercredi, 4 janvier 2017, l’instruction des ministres membres du Conseil d’administration de la CAMEG de prendre toutes les dispositions pour la transformation effective de la structure en « Société d’Etat ».
Immédiatement, le 5 janvier, les décisions de justice relatives au fonctionnement du Conseil d’administration devront être mises en exécution (et ce, pour permettre au Conseil d’administration de pouvoir tenir sa prochaine session au siège de la CAMEG). Toujours selon ledit document, à la même date (le 5 janvier), l’on devra assister à la désignation d’un nouveau directeur général par intérim pour une durée de six mois.
Ledit rapport s’est voulu clair : ‘’ le Burkina ne peut pas continuer à confier son approvisionnement en médicaments à une « simple association »’’. D’où une nécessaire réforme et celle-ci n’est autre que l’érection de la structure en « Société d’Etat ».
A en croire une source gouvernementale, une discussion a même eu lieu le 20 décembre 2016 entre les Partenaires techniques et financiers et une délégation gouvernementale composée du ministre de la santé, celui du commerce et le ministre de l’économie, des finances et du développement sur la transformation de la structure en Société d’Etat. Les Partenaires techniques et financiers auraient marqué leur disponibilité à accompagner le gouvernement dans cette dynamique et « ont souhaité être associés au processus et s’engagent à financer les études de faisabilité de la transformation et à accompagner techniquement l’exécutif ».
Par ce passage d’association en Société d’Etat, « la réussite des mesures sociales en matière de santé entreprises par le gouvernement en sera mieux réservée ». Le même document précise en outre que le Burkina ne sera pas le seul pays à adopter une forme juridique autre qu’une association ; citant en exemples le Gabon, le Mali, la Tunisie, le Sénégal, le Niger, etc.
Il y ressort également que les avantages d’une Centrale d’achat de médicaments sous la forme d’une Société d’Etat sont multiples et parmi lesquels, on note la possibilité de prendre part aux appels d’offre au même titre que les sociétés de droit privé et la possibilité de maintenir les droits acquis du personnel.
« A ce jour, tous les actes portant nomination des administrateurs représentant l’Etat au Conseil d’administration de la CAMEG qui avaient été attaqués en justice ont retrouvé la plénitude de leurs effets de droit, par l’infirmation de toutes les premières décisions. Lesdits actes de nomination, pris en Conseil des ministres, doivent donc être exécutés. Les nouveaux organes doivent exercer la plénitude de leurs attributs conformément aux statuts de la CAMEG et de la loi, afin de permettre la mise en œuvre du processus de transformation », lit-on dans le document.
Oumar L. OUEDRAOGO