90 jours d’investigation sur le secteur minier du Burkina Faso, du 15 juin au 11 septembre 2016, des députés de l’assemblée nationale réunis dans une commission d’enquête ont présenté leur rapport.
Trois mois qui ont permis aux membres de la commission, de réaliser 148 auditions, d’entendre environ 1500 personnes et les sorties terrains ont permis de visiter les 12 mines industrielles.
De ce rapport, il ressort que le secteur est entaché de beaucoup d’irrégularités et de dysfonctionnements. Fraudes, spéculations sur les titres miniers, corruption et autres, ce sont là les nombreux problèmes que rencontre le secteur des mines au pays des hommes intègres et dans le document, ce sont des dirigeants de l’ancien régime qui sont indexés.
Pour le député Ousseini Tamboura, président cette commission d’enquête parlementaire, il ya eu mauvaise gouvernance, mauvaise organisation de l’administration minière, et tout ceci a occasionné une perte financière estimée à plus de 551 milliards de francs CFA, sans compter le non recouvrement par l’Etat des taxes et impôts. «Sur les 105 comptoirs déclarés, 40 sont connus du fisc dont 36 se sont présentés à la commission » a laissé entendre M. Tamboura
Cette commission était composée de 10 députés issus de tous les groupes parlementaires, et ils ont fait noter que le sous sol burkinabè est riche de 787 millions de tonnes de minerais -dont 152 millions de tonnes d’or-, qui pourrait bien aider au développement du pays s’il est bien exploité et bien géré. Selon le rapport, depuis la suppression du Comptoir burkinabè des métaux précieux (CBMP) en 2006 il a été donné de constater de nombreux cas de fraude et de corruption dans le secteur.
Le nom du frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré, François Compaoré a été beaucoup cité dans ce rapport pour des cas de corruptions et de malversations, notamment dans le dossier de la mine de manganèse de Tambao. Il aurait perçu de Franck Timis responsable de Pan African Tambao «plus de 5 milliards de F CFA »
La commission a également pointé du doigt le non-respect de la réparation des dégradations de l’environnement par l’exploitation minière.
La commission dans son rapport a fait des recommandations au gouvernement pour une meilleure gestion du secteur. De ces recommandations on peut noter la création de 6 propositions de loi. Il s’agit, entre autres, d’une loi portant institution d’une déclaration annuelle du gouvernement sur les conventions minières et l’exploitation minière au Burkina Faso, d’une loi portant institution d’un fonds de gestion de solidarité pour les générations futures et le prélèvement de 5% sur les recettes fiscales minières au profit de ce fonds, ainsi qu’une loi instituant le retour du monopole étatique dans l’exportation de l’or et l’ouverture d’une information judicaire sur le dossier Tambao contre les anciens ministres des Mines, des Finances et le bureau économique de la présidence du Faso de 2005 à 2014. Afin de s’assurer de la mise en œuvre totale de ces recommandations, un comité de suivi sera mis en place.
Albert GUEBRE/ Infobf.net