La famille de feu Jean Baptiste Issa Traoré s’est muée dans un silence d’église après l’assassinat de leur père le 20 janvier 1998, mort dans des circonstances non encore élucidées. Certainement meurtrie aux premières heures des faits par cette perte brutale de la personne chère, ensuite par la façon dont les évènements se succéderaient dans leur vie.
C’est connu, le climat socio-politique au Burkina Faso en cette période était tendu avec son lot de pression sur des individus ou des corporations données, mais malgré sa fonction de Haut-commissaire en poste à Manga, Jean Baptiste Issa Traoré était un homme qui avait un franc-parler. L’homme ne manquait pas de faire des critiques et lancer des pics sur la gouvernance du pays, ce qui naturellement dérangeait dans certains milieux.
Ceci était une réalité au point où certains de ses proches lui recommandaient quelques fois la prudence et même le silence. D’ailleurs comme lui, quelques mois plus tard, notamment le 13 décembre de la même année, 1998, c’est le célèbre journaliste d’investigation Norbert Zongo qui paiera aussi les frais de ses opinions, assassiné avec trois de ses compagnons sur la route de Sapouy.
Jean Baptiste Issa Traoré (en civil) qui échangeait avec le Président de la République, le Colonel Saye Zerbo
Mais contrairement au crime de Sapouy du 13 décembre 1998, celui du 20 janvier ne connaitra jamais de suite, la mort du Commissaire Traoré n’a connu l’ouverture d’aucune enquête jusqu’à ce jour. Le drame est que la famille a subit et continue encore de subir des pressions diverses de la part de ses bourreaux et selon certains témoignages, les brimades n’ont toujours pas cessés.
En effet, après la mort du père, ce fut la descente aux enfers pour la femme et les enfants. Il fallait pour la veuve se battre pour assurer l’éducation des enfants sans revenu puisque la pension de son mari dont elle devait bénéficier aurait été bloquée, et le certificat de décès du défunt, ce précieux document lui est tout simplement été refusé à la famille et jusqu’aujourd’hui, pas de suite.
Les enfants étaient victimes de menaces et des intimidations au quotidien parce qu’il fallait s’assurer qu’ils ne parlent pas de ce qu’ils savent du meurtre de leur père, ils devaient simplement se taire. Ils subissaient des pressions de toute sorte toute chose qui a sérieusement affecté leur vie et leurs études.
Jean Baptiste Issa Traoré accordait ici une interview à des journalistes
Les menaces ont même poussé certains enfants à quitter le pays pour tenter de se faire une vie ailleurs et c’est le cas par exemple, a-t-on appris, du jeune Armel Marc Traoré un des jeunes fils de feu Jean Christophe Traoré qui a dû se refugier au Canada après des menaces de mort reçues courant 2013.
Un autre, son frère ainé, Alain Christophe Traoré beaucoup plus connu sous le nom de « Alino Faso » est aussi passé par là mais après la résignation est obligé de rester le plus souvent en Côte d’Ivoire, pays voisin.
A ce jour 19 août 2019, les burkinabè ont encore en mémoire ces hommes et femmes, commis de l’Etat ou citoyen ordinaire qui ont tout donné pour leur nation, mais qui ont été lâchement assassinés pour leurs opinions ou leur positions dérangeantes. Puisse un jour la vérité jaillir sur ces crimes.
Albert KABORE
Infobf.net