Le 7 mai, Maurice Kakou Guikahué et Chrysostome Blessy, respectivement secrétaire exécutif et avocat du parti, y avaient rencontré Laurent Gbagbo. Ce jeudi 23 mai à Daoukro, le fief d’Henri Konan Bédié, l’ancien président, accompagné notamment du même Guikahué, du général Wassenan Koné et d’Émile Constant Koné, a reçu une délégation présidée par Assoa Adou, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI). Se trouvait avec lui Sébastien Dagnon Djédjé, Odette Sauyet, Marie-Odette Lorgnon et l’ancien ambassadeur Emmanuel Ackah.
Pourparlers
Après plusieurs heures de discussions, les deux parties ont annoncé avoir « convenu d’œuvrer ensemble, avant l’élection présidentielle d’octobre 2020, à l’avènement d’un environnement politique apaisé, seul gage d’un retour à une paix définitive et durable pour une Côte d’Ivoire réconciliée, à nouveau unie et rassemblée ». Selon un communiqué, le FPI et le PDCI vont désormais collaborer « dans le cadre de la réconciliation nationale et se sont engagées à lancer un appel à la réconciliation aux partis politiques et à toutes les forces vives de la nation, sans exclusive ».
Le FPI et le PDCI concrétisent ainsi des pourparlers débutés il y a de longs mois lorsque
Aboudramane Sangaré, décédé en novembre 2018, occupait le poste de président par intérim de son parti. Les deux formations ont ainsi prévu de mettre en place des groupes de travail paritaire afin de discuter de questions comme la sécurité, la justice, la séparation des pouvoirs ou le processus électoral. L’objectif est de prendre des positions communes sur ces sujets.
Le cas Affi et la question de l’alliance électorale
Ce cadre de discussion viendra-t-il rejoindre celui déjà mis en place par Bédié en janvier avec plusieurs partis de l’opposition et dans lequel figurait Pascal Affi N’Guessan, qui dirige la tendance du FPI reconnue par la justice ivoirienne ? « Nous avons fait savoir au PDCI qu’il était hors de question pour nous d’intégrer une structure si Affi est présent en tant que président du FPI. Je pense que Bédié a compris », confie un proche de l’ancien président, établi à Bruxelles.
Selon nos sources, l’hypothèse d’une alliance électorale entre les deux partis n’a pas encore été entérinée. C’est pourtant le souhait du PDCI. Alors que son parti a refusé d’intégrer le RHDP et que nombre de ses cadres l’ont quitté, Henri Konan Bédié s’est en effet donné comme priorité de réussir « à bâtir une alliance non-idéologique permettant d’obtenir l’alternance du pouvoir », explique un vice-président du parti.
La libération sous conditions en janvier de Laurent Gbagbo semble avoir changé la donne. « Avant cela, les discussions étaient très avancées. Mais dans l’euphorie de la libération de son chef, le FPI s’est fermée à nos approches », regrette un membre du PDCI. « Rien n’est exclu car il y a une volonté commune, mais ces discussions viendront plus tard.
Notre priorité est de favoriser le retour de notre chef », explique un proche de Gbagbo. Toutefois, les rencontres de Bruxelles et de Daoukro ont permis à Bédié et Gbagbo d’échanger au téléphone. Les anciens présidents ont tous deux fait part de leur volonté de mettre de côté les rancoeurs du passé.
C.I