An I du drame de Yirgou : Des organisations de défense des droits de l'homme sont au créneau Spécial

dimanche, 05 janvier 2020 21:02 Écrit par  Achille ZIGANI / Infobf.net Publié dans Janvier 2020

Le Burkina Faso a connu des évènements malheureux dans le village de Yirgou, dans la région du Centre-nord, les 31 décembre 2018 et 1er janvier 2019. L’élément déclencheur de ce conflit entre Peuhls et Mossés est intervenu suite à l’assassinat du chef dudit village, par ailleurs conseiller municipal de Barsalgho. Des représailles contre peuhls ont fait état de 46 morts selon le gouvernement et 216 pour l’enquête du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC). Un an après, le CISC anime une conférence de presse, pour faire le point du dossier et c'est ce dimanche 5 janvier 2020 à Ouagadougou.

Pou le secrétaire général du CISC, le Dr Daouda Diallo, l'objectif de cette rencontre avec la presse est de faire le point de leurs actions et de l’avancée du dossier au plan judiciaire. Car, dans cet aspect, a–t-il poursuivi, le Parquet du Tribunal de grande instance a ouvert deux enquêtes d’une part, pour élucider les faits liés à l’assassinat du chef de Yirgou et des membres de sa famille et d’autre part, le massacre de la communauté peuhle.

Un an après, comme préoccupations pour le Collectif, ce sont entre autres l’urgence de la justice par la nomination d’un juge supplémentaire, la persistance des zones de "non droit" autour de Barsalgho, la mauvaise prise en charge des déplacés et l’amalgame peulh et terrorisme, toute chose qui, si c'est réglé, pourra éviter la stigmatisation et le repli identitaire, affirment les conférenciers.

Par la suite, le CISC a désapprouvé le mutisme des autorités dès le début d’une série d’exécutions sommaires et extra-judiciaires. Tout en félicitant la justice pour les actes posés et l’ouverture de l’information judiciaire, Daouda Diallo a relevé des inquiétudes sur les moyens du juge d’instruction face à la non-exécution des mandats par les officiers de Police judiciaire et l’incivisme de certains Koglwéogos qui sont des obstacles à l’évolution du dossier.

Sur ce point, M. Diallo a signalé que cette enquête a permis d’identifier 55 corps et 66 disparus, près de 200 personnes soupçonnées d’avoir participé au massacre et 180 mandats d’amener ont été décernés, mais seuls 12 mandats ont pu être exécutés. « Ces 12 personnes ont été inculpées des faits de présomption grave de crime de génocide, de meurtres, de destructions volontaires de biens, de coups et blessures volontaires et de dissimulations de cadavres », a-t-il fait savoir avant de dénoncer les dérives des groupes d’auto-défense Koglwéogo pointés du doigt, en vue de faire des propositions pour la cohésion sociale.

« Ces personnes tuées ne seraient qu’une quarantaine selon le gouvernement qui malheureusement, n’a jamais été à mesure de publier la liste de ces victimes qu’il a déclaré », a lâché Dr Diallo.

Par ailleurs, Daouda Diallo et ses camarades ont annoncé un sit-in le 10 janvier prochain devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou dans le but d’apporter leur soutien aux acteurs judiciaires afin qu’ils puissent faire leur travail. Interrogé sur la tenue de cette manifestation dans la capitale, ils ont répliqué que le choix est symbolique et qu'il faut éviter d’éventuelles provocations.

En ce qui concerne le retour des déplacés, le collectif a affirmé qu’il est trop tôt de parler de cette question vu le contexte sécuritaire qui sévit dans la localité.

 

Achille ZIGANI

Collaborateur

 

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