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«Nous proposons le communisme libéral pour sauver le Burkina Faso», Ousmane Danfodio Diallo, président de ARDI Spécial

jeudi, 22 mars 2018 00:04 Écrit par  Modeste KONOMBO / Infobf.net Publié dans Grande interview

Le communisme libéral comme idéologie ou système de gouvernance, cela peut paraitre nouveau mais il existe bien au Burkina Faso et prôné par l’Alliance pour la Renaissance de la démocratie et l’intégration (ARDI). Cette formation politique dirigée par Ousmane Danfodio Diallo, bien connu de la scène politique burkinabè, est celle qui fait de la batail de l’eau pour les populations, son combat et se fait appeler le « parti de l’or bleu ». Dans cet entretien du 19 mars 2018 que nous avons eu avec lui, Ousmane Diallo nous parle du communisme libéral, cette idéologie dont il est le porteur au Burkina Faso. L’homme a également répondu à nous questions sur certains sujets de l’actualité nationale.

Infobf.net : Avec votre parti politique l’ARDI, vous êtes l’initiateur du Communisme libéral au Burkina Faso. Dites-nous ce que revêt cette idéologie ?

Ousmane D. Diallo : Le Communisme libéral est le projet d’une démocratie totale. Comme vous le savez, depuis très longtemps et jusqu’aujourd’hui, nous sommes entrain d’exercer la démocratie politique qui offre des espaces de liberté comme les libertés d’expressions, de mouvement, etc. Mais dans ce système, lorsqu’on parle de l’économie, l’individu qui est citoyen dans la démocratie politique devient un simple travailleur parceque en réalité, ceux qui possèdent les capitaux, ne les permettent pas d’être dans la démocratie économique. C’est pourquoi nous, nous pensons que pour que la démocratie soit totale, il faut qu’elle soit à la fois politique, économique et sociale. Donc le communisme libéral vise à donner à la démocratie toute sa splendeur, sa totalité comme je le disais plus haut. Il faut aussi savoir que le communisme libéral s’oppose au capitalisme qui réserve aux seuls processeurs de capitaux, la direction économique. Nous nous séparons des libéraux qui se préoccupent de la procession des choses sans se préoccuper du bien-être de l’homme et nous nous séparons aussi de toute pensée unique. Le communisme libéral est complet, elle permet à la société de se retrouver et aux populations de s’épanouir.

Le Burkina depuis 1991 connait des régimes ayant appliqué la social-démocratie. De façon concrète, quelle est la différence sur le terrain d’avec le communisme libéral que vous défendez ?

Je disais tantôt que la démocratie comme elle s’exerce dans tous les pays actuellement est de type, seulement libéral. Nous, nous disons qu’il faut permettre aux individus de devenir citoyens, de participer à la gestion économique du pays. Ainsi de façon concrète, si on prend au niveau du Burkina, combien de personnes connaissent la technique budgétaire ? Combien savent ce que c’est que le budget, ou participent à son éclosion ? C’est autant de questions qu’on peut se poser. On nous parle tous les jours de conventions, de subventions etc. mais quand on regarde, les citoyens ont beaucoup plus tendance à ne s’intéresser qu’a des sujets comme la liberté d’expression et autres mais pas à comment gérer l’économie du pays, quelle vision l’Etat donne de la gestion économique de notre pays, c’est ça qui manque dans ce qu’on connait déjà et que nous proposons avec le communisme libéral.

Y a-t-il des Etats qui expérimentent ou ont expérimenté le communisme libéral comme système dans le monde ?

C’est une innovation mais au plan théorique, il ya déjà de grands intellectuels comme Dominique Pelbois qui ont écrit sur le concept. C’est une innovation que nous voulons apporter au Burkina Faso pour marquer notre voie, notre passage dans ce pays. Pendant longtemps, nous avons lu et fait des recherches dans l’histoire de ce pays et nous avons fait la remarque que depuis Maurice Yaméogo à Roch Marc Christian Kaboré, ce ne sont que des politiques de continuités avec un peu d’ajustements qui ont été mises en place en dehors du capitaine Thomas Sankara qui a opéré une rupture. Nous également nous voulons opérer une rupture à partir de théories déjà existantes et le communisme libéral sera une voie crédible pour le développement de notre pays. Nous ne le faisons pas pour nous, nous lançons l’idée et nous savons qu’elle est porteuse de fruits pour le peuple burkinabè.

Votre parti politique, est-il de l’opposition ou de la majorité présidentielle ?

diallo-ousmane-2-2-infobf.netOusmane Danfodio, président de ARDI

Cette question nous avait été posée à l’occasion de notre deuxième congrès ordinaire le 25 novembre 2017 et nous avions répondu que si l’opposition s’oppose à l’insécurité, à la pauvreté, à l’incivisme, alors nous sommes de l’opposition. Si également la majorité ou la mouvance s’oppose à la mal gouvernance, est pour la bonne gouvernance, recherche le bonheur et la prospérité du peuple burkinabè, alors nous ne voyons pas pourquoi nous n’allons pas la soutenir. Maintenant nous pensons qu’il est inadmissible de restreindre les libertés des partis politiques en opposition et mouvance. Je pense qu’il faut innover, il faut permettre à chaque parti politique d’opter pour une voie tout en restant respectueux des textes et règlements en vigueur. C’est pour cela que nous avons dit que si c’était possible, nous n’allions nous inscrire ni à la majorité, ni à l’opposition. Aux élections passées, nous avions voté le président Roc Marc Christian Kaboré à cause de son programme. Pour le MPP parceque notre parti, depuis sa création a toujours défendu l’accès à l’eau potable et pour nous, de tous les programmes politiques qui nous avaient été présenté, celui du MPP présentait avec force et vigueur notre projet de l’accès à l’eau potable donc «Zéro corvée eau potable». Mais après deux ans de gestion, nous ne voyons pas venir ce slogan à l’horizon 2020, c’est pourquoi nous disons que de plus en plus, on s’éloigne de ce «Zéro corvée eau potable».

Quelle lecture faites-vous du climat social qui prévaut au Burkina Faso ?

De par les grognes, ces grèves auxquelles nous assistons, on peut résumer en disant que les uns et les autres ne sont pas satisfaits de l’exercice du pouvoir Kaboré et cela se dénote par la note inferieur à 5/10 du président, donnée par le présimètre, structure que eux-mêmes ont mise en place. Il n’ya pas trop de commentaire à faire à ce niveau, chacun sait qu’aujourd’hui il ya une morosité économique et tout le souhait est que le régime dynamise, recherche, innove, crée pour répondre aux aspirations des burkinabè.

Le Burkina Faso est devenu une cible des terroristes, Ouagadougou a été pour la troisième fois frappé le 2 mars 2018. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?

ARDI condamne avec la dernière énergie les attentats qui ont eu lieu le 02 mars passé et présente ses condoléances aux familles des soldats tombés et à l’ensemble du peuple burkinabè. Nous souhaitons prompt rétablissement aux blessés. Je pense que tous les fils et filles du Burkina doivent faire bloc autour du président du Faso dans le combat continu contre l’insécurité et le terrorisme.

Quelle lecture faites-vous de l’appareil judiciaire du Burkina et du procès sur le putsch manqué de septembre 2015 ?

Je crois en notre justice, elle s’est battue pour son indépendance et elle l’a obtenu. Aujourd’hui il ya une certaine jeunesse de magistrats incorruptibles et dans ce procès qui vient de reprendre, si tous ceux qui doivent témoigner vont dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, je crois que nous allons nous en sortir.

On assiste à un incivisme grandissant au Burkina Faso, comment venir à bout de ce fléau ?

Je pense que sur cette question si nous voulons vaincre l’incivisme et restaurer l’autorité de l’Etat, il faut nécessairement appliquer le communisme libéral. Les autorités actuelles gagneraient donc à abandonner la social-démocratie, pour adopter le communisme libéral. Il réintroduit la morale et la solidarité sociale, facteurs de lutte contre l’incivisme. Nous proposons alors le communisme libéral pour sauver le Burkina Faso.

 

Interview réalisée par Modeste KONOMBO

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